The Finest Hours tout ce que Disney fait de banal : histoire commune d'héroïsme édulcorée pour ramener des familles plutôt que des couples, acteurs principaux en vogue et sans grande personnalité à l'écran (il faut dire que Chris Pine joue exactement Chris Pine dans un contexte d'époque rétro), avec un déluge d'effets spéciaux censés combler le vide du reste, notamment de sa mise en scène.
Pas foncièrement mauvais, c'est surtout qu'il manque de sel, d'originalité, de beauté : avec une idée de drame pareil, en plus tirée de faits réels, il y avait de quoi faire une oeuvre poignante, déchirante, allant crescendo dans le tragique et la tension. Résultat, Disney voulant contenter un grand public en quête de jolies histoires pas trop tristes (c'est forcément un mauvais film s'il doit mal se terminer, puisque l'expérience ne remplit pas les attentes de happy end du spectateur) nous livre un film sans grande ambition, convenu, fade.
Non pas qu'il soit désagréable à voir (il se révèle même, parfois, plutôt intéressant); non, The Finest Hours décevra surtout par son manque de rythme causé par son manque d'ambition narrative, où l'on passera trois plombes à nous compter toujours les mêmes histoires d'amour d'antan, observées par les mêmes personnages d'amis sympas tombés dans une même galère, le tout forcément accompagné d'une révolte montante sur un bateau de faible utilité, puisque le pouvoir charismatique de Casey Affleck les convaincra de ne pas le jeter par dessus bord.
2 heures de film passées à suivre une histoire dont on connaît la fin dès le premier élément perturbateur, menée par des acteurs à peine investis (Eric Bana est d'une mollesse incroyable, quand Ben Foster brille par son inutilité) et des personnages à la psychologie basique et peu travaillée, seulement placée pour donner un semblant d'épaisseur à des serviteurs d'intrigue, seulement balancés dans l'histoire pour nous décocher un petit "fiou" haletant en fin de film, quand le bateau rentrera à bon port.
Mais comment croire à cette histoire invraisemblable, où la mer décide de s'agiter seulement pour l'aller des secours, laissant les rescapés en paix pour revenir au pays? Comment justifier, également, que nos personnages ne connaissent aucun véritable dommage physique ou traumatisme psychologique? Craig Gillepsie, entre trois plans bateaux à la photographie sans grande personnalité (même s'il gère plutôt bien l'esthétisation de ses CGI), nous offrira comme seul élément de réponse la mort d'un figurant en guise de montée en tension finale, quand on sait très bien qu'il sera le seul à y rester, Disney oblige.
Même sa mort rentre donc dans un cahier des charges étouffant, où chaque scène, chaque dialogue, chaque plan semble imposé par une vision de producteurs désireux de montrer, aux jeunes générations, l'héroïsme des petits sauveteurs américains comme modèle de cinéma. A l'image de ses intentions, The Finest Hours est un film sans grande ambition, qui manque de souffle (sauf à l’aller, les vagues déchaînées apportant leur lot de spectaculaire réussi) et de profondeur, petit prétexte à la répétition des mêmes histoires d'héroïsme américain qui, après les grands films du genre, ne surprennent plus, peinant même à satisfaire.