Quelle déception ! Oui, je suis déçu. Déçu, déçu, déçu. Déçu de ne pas avoir vu cette production disneyenne sur les grandes toiles des salles obscures, avec le son qui va bien avec. Car le spectacle en valait la chandelle : pour porter à l’écran cette histoire vraie, les scénaristes, se basant sur le roman éponyme de Michael J. Tougias et Casey Sherman et sur le témoignage des survivants, nous content par l’intermédiaire de Craig Gillepsie l’un des plus grands sauvetages en mer de l’histoire maritimes des Etats-Unis. Le budget alloué est important, et a été bien utilisé dans les décors, les prises de vues, et les effets spéciaux. S’inspirant plus ou moins de la mise en œuvre du célèbre "Titanic" de James Cameron à propos de ce sauvetage retentissant, les images ont été prises à la fois en pleine mer et en bassin (construit pour l’occasion) où les comédiens ont joué dans une eau glaciale. Le résultat est confondant tant les eaux déchaînées sont impressionnantes. On se croirait presque pris au piège nous aussi… sauf que parfois, on se demande : car on a droit aussi à quelques curieux moments d’accalmie, certes aménagés pour installer les moments d’émotion
, comme la découverte du pétrolier, ou la mort d’un membre de l’équipage
. La différence est telle d’un plan sur l’autre qu’on ne peut d’ailleurs que le remarquer, ce qui enlève beaucoup de force à ces émotions. Et c’est presque regrettable d’avoir ces petits moments car ces accalmies cassent le rythme, et je crois me rallier à la plupart d’entre vous, chers lecteurs et chères lectrices, pour dire qu’on aurait encore plus aimé de rester pris par ce sauvetage improbable, de rester concentré sur le sujet comme a dû l’être l’équipage du CG36500, promues véritable coquille de noix au beau milieu des éléments déchaînés. Dans des conditions comme celles-là, pas une minute n’était à perdre devant l’urgence de la situation, et les conditions épouvantables demandaient une concentration de tous les instants. Mais le cinéma américain a souvent beaucoup de mal à ne pas tomber dans la sensiblerie, quel que soit le moment. Côté casting, on louera le charisme de Casey Affleck dans la peau du mécanicien au flegme presque britannique, et qui aura fort affaire face à la difficulté du moment bien sûr mais aussi face à ce vent de panique plus ou moins retenu insufflé par Ben Foster en la personne de Richard Livesey. Toujours côté casting, nous retrouvons quelques têtes bien connues, habituées le plus souvent aux second rôles comme Eric Bana, Graham McTavish, ou encore Abraham Benrubi. Mais nous retrouvons surtout en haut de l’affiche Chris Pine pour interpréter le personnage central du sauvetage, à savoir Bernie Webber, visiblement en proie à bien des questionnements et dénué de confiance en soi, trahis par un regard fuyant, voûté comme il est par ce qu’on suppose être un douloureux passé. Cette psychologie en total contraste avec ses fonctions lui fait perdre la vedette au profit de Casey Affleck car c’est bien lui qui s’en sort le mieux. Et puis nous avons Holliday Grainger, très convaincante en femme amoureuse qui sait ce qui veut, affublée d’une coiffure typique des années 50. Par ailleurs, on notera les paroles plus ou moins drôlesques des chansons de marins, comparables aux chansons de militaires dont les paroles frisent aussi quelquefois le ridicule. La musique de Carter Burwell passe presque inaperçue, éclipsée par le spectacle proposé par les effets visuels, bluffants de réalisme. Donc oui, c’était indéniablement un film à voir au cinéma, pour le plaisir des yeux et des oreilles. Pour le reste, il manque ce petit supplément d’âme qui aurait fait sortir ce film d’une relative banalité pour le propulser tout en haut du box-office. Cependant, cette relative banalité, comme je me plais à l’appeler, permet d’aménager une ambiance plutôt lourde, où chaque coup de vent, chaque coup de butoir donné par l’océan, chaque grésillement de la radio est source d’inquiétude. En tenant compte de tout ce que je viens de dire, j’hésite franchement entre un 3,5 et un 4. Tout n’est pas parfait, mais c’est loin d’être raté. De plus, le scénario parait improbable, mais il n’y a rien à redire là-dessus puisque "The finest hours" est basé sur des faits réels : en se renseignant un peu, on s’apercevra que les principaux faits relatifs à cette catastrophe maritime ont été respectés. Reste le final, émouvant
, portant aux nues la solidarité entre marins
. Allez hop, j’ai décidé : ce sera un 4/5.