Un long-métrage de Mélanie Laurent, artiste touche-à-tout, (actrice, chanteuse, réalisatrice de 2 films) pourrait faire peur sur le papier. En effet, elle annonçait dans une interview s'être inspirée de Martha Marcy Marlene, très beau film américain indépendant avec Elizabeth Olsen. On pourrait donc s'inquiéter de voir un copier-coller français de ce dernier. Mais ce ne fut heureusement pas le cas.
Le scénario s'avère prometteur et original : Charlie (Joséphine Japy), en classe de terminale, traine avec la même bande d'amis depuis la sixième : Victoire, sa BFF gentillette, avec qui elle n'a finalement pas beaucoup de points communs, Lucas, son pseudo petit-copain... La relation de ses parents se détériore de jour en jour... Heureusement, elle rencontre Sarah (Lou De Laâge), nouvelle dans le lycée. Une amitié fusionnelle se crée, si bien que Sarah est très vite invitée à passer les vacances avec Charlie et sa mère.
Le comportement de Sarah va alors devenir de plus en plus étrange avec Charlie, passant de la tendresse à la méchanceté ou au mépris en un rien de temps (on peut citer par exemple la scène où Sarah gifle subitement Charlie). Revenues de vacances, leur amitié se dégrade de plus en plus et Sarah, qui n'est finalement qu'une mythomane, harcèle Charlie.
Le film ne partait cependant pas sur un bon pied : quelques clichés sont apparents dans les 10-15 premières minutes. En effet, le thème de la passion dans le cours de philosophie annonce la suite de l'intrigue, ce qui peut rappeler par exemple le début de La Vie D'Adèle. La scène des vacances, bien qu'intéressante, peut également paraître longue et même répétitive. Mais dès que la relation amicale entre Charlie et Sarah devient un jeu d'harcèlement et de perversité, Respire réussit le pari de mettre le spectateur dans un position inconfortable. Charlie, qui au départ tentait d'imiter Sarah, fumant plusieurs paquets de cigarettes par jour (ça en devient agaçant au final), pour qui elle vouait une sorte d'adoration, tente de s'en détacher de plus en plus, sans vraiment y arriver. En effet, dès que Sarah revient frappée par sa mère, Charlie oublie tout ce qu'elle lui a fait auparavant pour lui porter de l'aide.
Cela mène cependant à un autre cliché : le personnage de Charlie, qui n'est finalement que le reflet de sa mère incapable elle aussi de se défaire de son mari. Respire pêche donc par ses quelques défauts. La fin, plutôt inattendue, relève le tout.
Mélanie Laurent dirige ici (et révèle) deux actrices talentueuses : Lou De Laâge, capable de passer d'un sentiment à son extrême en un rien de temps et Joséphine Japy, très bien en Charlie, abattue par ce qui lui arrive.
Bilan : une bonne surprise française qui réussit à troubler le spectateur.