Mélanie Laurent confirme son immense talent de réalisatrice. Son 2ème long est osé et risqué. On ne peut que la féliciter de ses choix de sujet et inventivité visuelle. Elle est pour moi le double de Xavier Dolan : jeune et déjà talentueuse, avec une vision bien particulière du cinéma. Elle essaye, quitte aussi à se tromper ou à en faire trop. Car c'est aussi un film bourrés de tics visuels agaçants (au même titre que Dolan). La maturité (cinématographique) l'aidera certainement à canaliser ses envies (besoins?) d'épater ou d'utiliser des effets faciles. La (fameuse et douloureuse) dernière scène en est le parfait exemple. Dommage. MAIS, ce qui sauve le film du total énervement (comme ce ne fut pas le cas pour Dolan), c'est sa formidable direction d'actrices, juste époustouflantes (Japy et De Laage en route pour les Césars et je leur souhaite une longue carrière). C'est elles le meilleur attrait du film, elles osent, elles portent ces rôles difficiles et les sauvent de la facilité et du film d'ado classique. Autre plus : la description des années lycées. Il y a beaucoup de détails et dialogues justes, drôles, émouvants. Mélanie Laurent semble parfaitement cerner son sujet. Sur ce point, pas d'esbroufe. Chapeau aussi aux secondes rôles dont Isabelle Carré, tjs juste et puissante dans son jeu mais aussi, surprise, Claire Kleim, qui, en peu de scènes, irradie complètement la caméra. C'est étrange comme certains acteurs peuvent "cacher" tout leur talent ?! Enfin, le sujet en lui-même : maîtrisé, complexe et au-delà d'une amitié fusionnelle entre 2 ados. C'est ce qui fait l'attrait du film, qui sort ainsi des sentiers battu et rebattus d'un tel thème. On étouffe au fur et à mesure avec Charlie. Le film devient plus sombre et presque un thriller émotionnel. Bravo pour le rythme complètement maîtrisé, la musique qui emporte tout, certaines images d'une grande beauté ou même d'une grande simplicité, des idées de cadre. MAIS (encore!) : la psychologie des personnages est assez basique (ohh le joli schéma de reproduction de la fille sur sa mère...oh la copine pas si méchante que ça car sa maman est alcoolique...et d'autres encore). Reste l'opposition tendue et progressive de ses 2 personnages féminins qu'on ne devine pas tout le temps, Mélanie Laurent les emmenant à l'extrême et justement parfois au-delà des clichés et des facilités, au risque même d'être redondant sur 1h30 (je t'aime, moi non plus, je t'aime, mon non plus...). Il s'agit plus de 2 filles border line, pathologiquement malade (et pas que adolescentes). Charlie ne sera libérée et ne pourra reprendre son souffle que lors de la scène finale dantesque qui a laissé toute la salle glacée, en étouffant son "mal". J'attends son 3ème film avec impatience, mue par cette soif de créer et proposer autre chose de la part de la réalisatrice, en espérant qu'elle s'apaise dans ses effets démonstratifs.