Les Féret sont partout dans "Le Prochain Film", impertinente chronique dans le ton, et pertinente dans le propos. Après le (pour moi) discutable et littéraire "Madame Solario" (dont on voit quelques images fugitives lors d'une séquence de mixage), retour à la veine principale d'inspiration de René Féret, la famille - ce thème venant croiser avec un deuxième, d'égale importance, la création artistique, cinématographique ici. Rebaptisé "Gravet", Pierre (Frédéric Pierrot), metteur en scène pas du tout grand public, c'est bien sûr René Féret, rajeuni pour la circonstance de plus de 20 ans (le "vrai" fait un caméo au début, dans l'auto-dérision, en directeur de salle de cinéma lors d'une avant-première). Ses filles, l'aînée d'un premier lit, Marie, c'est Marie Féret, les plus jeunes, aussi des Féret. Pierre Gravet a un frère aîné, la cinquantaine, qui est acteur, abonné aux films "sérieux", Louis (Antoine Chappey). En couple (qui bat de l'aile) avec Suzanne (Marilyne Canto), une éditrice (associée), il accueille chez lui Agathe, la nièce de Suzanne, qui veut faire aussi du cinéma (une autre fille Féret, Lisa). Le scénario est signé René Féret, et le chef-monteur est comme toujours l'épouse de René Féret, Fabienne.
Tout en préparant un prochain film "en costumes" à nouveau, sur un épisode de la vie de Tchekhov, Pierre Gravet (qui a la même actualité que Féret sur ce point !) cède à la demande de Louis de tourner avec lui (pour la première fois), et dans un rôle de comédie (ce qu'il n'a jamais eu l'occasion de faire).
Pendant 1 h 20, on va assister à la "possibilité d'un film", pourrait-on dire. Une suite d'événements imprévus, personnels et familiaux, va en décider autrement. Les interprètes de cette sorte d'"Impromptu" cinématographique font merveille à donner vie à des dialogues percutants et des situations familières, mais décalées. Outre la "tribu" Féret, les 2 "frères" de cinéma précités (Pierrot et Chappey - parfaits en duettistes, pas toujours "raccord" !) et la malicieuse Marilyne Canto (déjà distribuée par Féret dans "Comme une étoile dans la nuit" - en 2008), la (jeune) compagne de Pierre, Sara, est incarnée par Sabrina Seyvecou (aussi déjà dans le Féret de 2008). Il y a même Marc Barbé ("Nannerl" et "Madame Solario") dans une courte scène, en chirurgien orthopédiste. Les films de Féret : une affaire de famille. Pierrot et Chappey sont les seuls "petits nouveaux" (et encore Antoine Chappey est-il le compagnon de Marilyne Canto dans la vie, comme dans le film). Un style simple, fluide, quasi documentaire : une "comédie" sur une comédie qui se fera peut-être. Ou pas. Le procédé n'est pas inédit, mais le traitement plutôt. "Cocasse", dirait Pierre Gravet.