Il ne faut pas se fier au nouveau titre du film de JC Chandor. "A Most Violent Year" se situe en effet à New York en 1981, l'année la plus violente qu'ait connue la ville, mais il n'est pas question d'un drame brutal ou d'un thriller sanglant, il est question d'un contexte. De l'aventure d'un homme qui voit tout se retourner contre lui et son entreprise, parfois même par des rivaux pas très honnêtes, le tout sous les yeux de sa femme. Mais le combat de Abel (Oscars Issac) vise son ambition, passer de petit à grand patron, il achète du pétrole pour en revendre, se définissant comme un bon capitaliste honnête, mais un procureur honnête s'attaque à lui, ses camions sont volés, sa maison espionnée par un rôdeur, pour lui c'est clair et net : quelqu'un veut sa peau. Mais qui ? Dès son premier long métrage JC Chandor s'inscrivait dans la longue liste des cinéastes à suivre, devant "Margin Call" on avait l'impression de regarder l'oeuvre d'un grand cinéaste, mais non, c'était un novice qui faisait son premier film, aujourd'hui à 40 ans le bougre retourne dans son cinéma classique certes, mais pour mieux le réinventer. Dans "A Most Violent Year" il maitrise le tout d'une façon presque aussi bluffante, il dessine un personnage à la psychologie creusée, mais avec ses gestes, sa posture, bien droite et élégante devant ses ennemis, la précision avec laquelle il est mis en scène est incroyable, et va de même pour les décors, ambiance rétro des années 80 totalement fabuleuse, jamais un défaut ne vient nous souffler que nous sommes à une autre époque, les lieux sinistres comme le métro s'opposent directement à l'appartement luxueux qu'habite le couple. Se maintenant à la marge de son propre titre "A Most Violent Year" évoque également un théâtre filmé, très très bavard mais filtrant très bien son suspens, Chandor semble s'inspirer de tout, on reconnait cette atmosphère ludique à la Mankiewicz et cet expressionnisme faisant penser à Fritz Lang, Jessica Chastain lookée en blonde est impressionnante, s'isolant dans un personnage tirant un peu trop sur la cigarette et prête à tout. Malheureusement ce diable de Chandor véhicule une idée très classique du cinéma, en bien comme en mal, proposant une construction basée sur le parcoure l'opposant parallèlement à l'american dream, Chandor déçoit d'ailleurs tristement, appelant des clichés éculés (le bon vieux final), il dose son idée plutôt classique de la perfection assez maladroitement, la rendant limite redondante et inexplicable dans un manque d'inventivité assez conséquent.
Bilan :
Sorte d'idéal du film assez moyen bon, "A Most Violent Year" manque surtout cruellement d'action pour se soucier d'une esthétique parfaite mais qui provoque toujours un ras de bol, trop discret, trop pompeux, on sauvera la sublime bande originale, les acteurs qui donnent tout et New York vue plus que jamais comme un théâtre poisseux.