Quand les aventures du plus célèbre policier de la dynastie Tang ont débarqué sur nos écrans il y a 4 ans, je les avais accueillies avec un enthousiasme assez modéré, poli. Oui, il était pas mal, "Détective Dee : Le Mystère de la Flamme fantôme", mais le plaisir pris à sa vision était quand même bien gâché par des effets numériques particulièrement moches, voire carrément ratés. Autant dire que je n'étais pas vraiment préparé à ce que j'allais me prendre dans la tronche avec "Détective Dee II : La Légende du Dragon des Mers" ! Quel pied ! Voilà du grand cinéma d'aventures, un spectacle grandiose à la Spielberg jeune (n'ayons pas peur des comparaisons foireuses...) ! Bon, soyons honnêtes, les effets spéciaux ne sont pas forcément mieux réussis par rapport au premier "Détective Dee" mais leurs imperfections sont complètement absorbées ici par l'utilisation de la 3D (eh oui, aussi bizarre que ça puisse paraître, le relief aplanit...). Une 3D par ailleurs très intéressante et très intelligente et qui ne part pas dans tous les sens (ce qui est toujours à craindre avec un type comme Tsui Hark). Maintenant, s'il a su faire preuve de maîtrise et de relative sobriété avec la 3D, Tsui Hark s'est particulièrement lâché dans tous les autres aspects de son film, et là, c'est tant mieux ! Bien vu, le scénario qui a la très bonne idée de s'intéresser à une enquête d'un Dee rajeuni, Mark Chao étant au moins aussi charismatique qu'Andy Lau dans le rôle. Jolie, la romance dans le style de "La Belle et la Bête" avec une Belle très belle (Angelababy, qui détrône directement Zhang Zhiyi en tête du classement de mes actrices chinoises préférées), un soupçon de tragique et d'humanité ne pouvant pas faire de mal dans un maelström d'action, d'acrobaties et d'explosions. Sympa, le bestiaire du film avec un monstre marin marrant, une espèce de raie géante à grande gueule qui aurait piqué les écailles de Godzilla, et un humanoïde poissonneux à mi-chemin entre Blanka de Street Fighter et "L'étrange Créature du Lac Noir". Magnifiques, ces personnages qui continuent de défier les lois de la gravité dans leurs déplacements et leurs combats, pour notre plus grand plaisir. Rafraîchissant, l'humour distillé tout au long du film... On pourrait chipoter sur la durée du film, justement, et sur sa fin qui traîne en longueur, mais ce serait vraiment juste pour chipoter. Et puis, on peut toujours se risquer à chercher et analyser dans les films en costumes chinois des messages ou des références plus ou moins évidentes ou plus ou moins cachées quant à la situation actuelle du pays. Et si des œuvres comme l'excellentissime "Hero" ou le nullissime "La Cité interdite" tenaient des discours assez clairs en faveur de l'ordre et du pouvoir en place (donc, du Parti), "Detective Dee II" s'avère dans cet exercice assez roublard, iconoclaste et même quasiment irrévérencieux : voir le seul vrai personnage tragique du film, le lettré empoisonné, qui fait écho aux intellectuels ou aux artistes ayant des démêlées avec les autorités de Pékin, voir la séquence où Dee glorifie l'action et le rôle du Temple Suprême (la police, quoi) d'un ton si grandiloquent, à la limite du parodique, qui tient plus de la flatterie ironique que de l'éloge sincère, voir le "remède" administré aux nobles et aux notables pour les débarrasser de leurs parasites... Bref, un Tsui Hark au top de sa forme, virtuose, facétieux dans son propos et sincère dans sa démarche (loin du cynisme d'une franchise comme "Pirates des Caraïbes", par exemple) ! Que peut-on demander de plus ?