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Antoine, jeune quadragénaire fraîchement divorcé, retourne avec sa sœur sur les traces de leur mère décédée trente ans auparavant, dans le but de « fêter » l’anniversaire de sa mort. Alors qu’ils rencontrent Bernadette, ancienne gouvernante de leur grand-mère, ils apprennent que si elle est bien morte noyée, son corps n’a pas été retrouvé sur les berges de leur jardin (attenant à la mer) mais de l’autre côté, à 10 km de là. Pour Antoine, ce point est bizarre et semble illogique. Mais comment l’éclaircir quand, toute votre vie, les non-dits ont été rois dans votre famille? Que la communication avec votre père et la grand-mère (autrement appelée mamie Botox), les premiers intéressés, est quasi inexistante? Il va alors se lancer dans une (en)quête de vérité pour savoir ce qui s’est réellement passé ce fameux mois d’août 1984.
Le génie de ce film réside essentiellement dans l’interrogation. Point de scènes d’action, point de méchants dans les fourrés qui surgissent par surprise pour kidnapper Antoine ou le dissuader d’arrêter son enquête. Ici, on se demande si la quête a un réel sens. Antoine est quelqu’un de très angoissé, il s’inquiète d’un rien (même du changement de son rythme cardiaque) et voit des complots partout. Va-t-il alors trouver quelque chose ou se bat-il contre le vent? Est-il sur la bonne piste ou est-il tout simplement parano?
Laurent-toujours-aussi-beau-gosse-Lafitte est tout à fait juste dans le rôle du quadragénaire qui a grandit dans les mensonges, les secrets, les non-dits. Son jeu est très touchant car, même si on ne sait pas s’il est complètement dans le faux ou le vrai, on a envie qu’il trouve enfin la clé à son bonheur. Car on sent à travers l’histoire, à travers son rôle, que s’il est si angoissé, c’est aussi et surtout parce qu’on ne lui a pas tout dit sur son enfance.
A ses côtés, de manière moins présente dans le film toutefois, sa sœur Agathe (Mélanie-elle-va-bien-ne-vous-en-faîtes-pas-Laurent) préfère ne pas chercher, ne pas savoir. Pour elle, elle sait tout ce qu’il a à savoir et leur père n’a pas besoin d’en dire plus. Remuer le passer ne peut pas être bon, sans compter qu’Antoine voit le mal partout. Pour elle, le présent est plus important. Voilà donc deux avis divergents qui s’opposent sans que l’on sache lequel est le bon. Pour ce qui est de son jeu, il m’a tout simplement bouleversée. Je n’avais pas encore versé de larmes avant de la voir craquer complètement et mon dieu, ce qu’elle joue bien!!
Je vous rassure, on sait au final, la vérité (s’il y en a une). Pas de suspens ou de fin comme dans certains thrillers qui vous disent en gros « à vous de vous faire votre idée ». Par contre, une réelle réflexion sur la communication et les non-dits au sein des familles. Je ne sais pas vous mais moi, je ne connais que très peu de famille où l’on se dit tout. Il y a souvent des choses que vous ne savez pas quand vous êtes enfants (et souvent à raison!) mais qui continuent à être tues à l’âges adulte. Ces secrets de famille, les biens nommés, sont pourtant le cancer qui rongent les relations et parfois même la construction de ses membres. Ce film souligne bien tout ça à travers les relations fils-père-grand-mère mais aussi fils devenu papa avec ses propres enfants. J’ai trouvé cela passionnant et tout à fait pertinent.
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Note: 16/20