Rendons à Christophe ce qui est à Lambert puisque le comédien est à l'origine du projet. Ne commencez pas à associer Resurrection au thriller culte Seven hein. Un serial-killer branché théologie, le duo d'inspecteurs, le générique, l'ambiance poisseuse, les meurtres barbares, la photographie, le temps dégueulasse, Leland Orser,...Arrêtez, on vous dit aucun rapport ! David Fincher n'y est pour rien, rien du tout ! C'est Christophe (ou Christopher, à l'américaine) qui a eu l'illumination comme ça, tel un messager du ciel venu répandre sa bonne parole aux creux de nos oreilles de simples terrestres. Et puis de toute façon, Fincher ne s'est jamais manifesté pour faire reconnaître sa paternité ! Donc le géniteur, c'est le CriCri, c'est le Totophe., c'est le Christophe. Et il peut être fier !
Le millénaire ne pouvait pas s'achever sans réunir la paire légendaire derrière Highlander et Highlander, le retour (yes !). Resurrection met les petits plats dans les grands avec un Russell Mulcahy chaud comme la braise, qui nous caresse la rétine à coups de ralentis/accélérés habiles et d'anamorphoses avant-gardistes. Ah bah il fallait se mettre au niveau avec un script de ce calibre. Pensez bien que le scénariste Brad "Highlander 3" Mirman aimait tellement l'idée de Totophe qu'il a buché pendant au moins une ou deux semaines afin de livrer ce trésor du film policier. Pas besoin de révision ou de réécriture, tout était pensé et calibré histoire de rejoindre les pointures du genre. Allez hop, il nous dépoussière en un rien de temps les concepts du superflic traumatisé (une séquence d'accident légendaire), du tueur en série impénétrable ou d'une police à l'intelligence surprenante. Vous n'êtes pas prêts pour l'évasion dans le dernier acte... On enchaine scènes de crimes inspirées, dialogues fins et profonds, traits d'humour imparables puis rebondissements en cascades. Et ce climax final ! Un délice.
C'est peu dire que Resurrection enchaine les surprises et séquences chocs parfois en même temps. Presque trop pour les yeux, oreilles et cerveaux ! Heureusement, on peut compter sur l'irremplaçable Christophe alias John Prudhomme, le crack des cracks qui découpe des coupons de promos entre deux déductions de haut vol ("1+1 égale 2"). Le comédien alterne avec génie le non-expressionnisme et le surréalisme. De surcroit, Lambert gratifie la production d'un nouvel éclat de rire à ranger parmi ses plus beaux moments. On ne révèlera pas l'identité du grand méchant illuminé, mais sachez qu'il est impossible de le confondre tant la direction d'acteurs relève du machiavélisme. Chez les seconds-rôles, Leland Orser est en retrait avec une prestation un peu trop sobre face à ses partenaires. Étonnamment, les autres acteurs trainent aussi un peu derrière Lambert, comme s'ils ne comprenaient pas tout, (en particulier David Cronenberg, dans un caméo lunaire). Bon, on ne peut pas complètement leur en vouloir, on ne sait pas toujours à quel moment on participe à un classique en devenir !
Plus de vingt ans après les faits, Resurrection s'impose comme l'un des suiveurs les plus marquants de Seven (allez, reconnaissons qu'il s'en inspire un peu). Pur plaisir de spectateur et point culminant dans la carrière de Christophe Lambert, qui enchainait là un puissance 4 d'exception entre ce film-là, Beowulf, Fortress 2 et Vercingétorix. Un super-combo dont on peine encore à se relever aujourd'hui (et c'est pareil pour lui). Le long-métrage de Mulcahy n'aura malheureusement pas le succès escompté, cruelle injustice ! Une erreur petit à petit réparée avec les joies du streaming combiné à l'amour de spectateurs esthètes dans l'exercice du masochisme en groupe. Dans son genre, Resurrection fait particulièrement mal et c'est tellement bon comme ça !