N.Garcia nous sort son dernier opus et la semaine dernière, pour une fois Y.Moix s'est répandu en éloges chez Ruquier, ce qui n'est pas si courant de sa part. Il mettait "Mal de Pierre" au rang de chef d'oeuvre absolu, sans faire seule petite réserve. Incroyable ! Dithyrambe exceptionnel que n'ont pas réitéré les critiques de l'émission "On aura tout vu" sur F.Inter, qui en ont parlé comme d'un film assez quelconque ne pouvant contenter que les amateurs du genre cinématographique disons "vieille école".
Ca raconte le parcours de Gabrielle, une jeune fille un peu...chaudasse (?), une sorte d'apprentie Bovary, aînée d'une famille d'agriculteurs aisés dans la Provence des années 50, que sa famille catho marie quasiment de force à José, un de ses ouvriers agricoles, pour avoir la paix. Il faut dire qu'elle devient ingérable à force de draguer son prof de français avec de moins en moins de retenue. La fille, c'est M.Cotillard et elle assure, parfaite tout en finesse pour le rôle. José, c'est A.Brendemühl, parfait lui aussi, qui révèle avec une grande sobriété un personnage de taiseux beaucoup plus perspicace et humain qu'il n'y paraît de prime abord. Gabrielle se soumet malgré sa révolte, parce qu'on est dans les années 50 et que les femmes n'ont pas encore voix au chapitre. Elle est mariée mais fait la gueule. En fait elle a tellement le feu aux reins (des calculs, rien que des calculs ...) qu'elle doit faire une cure thermale à peine mariée, pour pouvoir enfanter. Au sana elle rencontre André Sauvage, un militaire de carrière qui a été blessé en Indochine (Louis Garrel, qui fait le job lui aussi, en beau ténébreux fragilisé par la maladie). Elle en tombe bien sûr très amoureuse, mais doit retourner à son morne quotidien une fois guérie. Le film nous conte sa vie de frustrations, vécues jour après jour avec un courage assez héroïque par cette femme qui essaie d'étouffer son aspiration à l'intensité amoureuse, dans une époque que les soixante-huitards n'avaient pas encore tourneboulée...
Je ne suis peut-être pas aussi catégoriquement enthousiaste que Y.Moix, mais j'ai trouvé Masson et Delmas (les critiques ciné de F.Inter) un peu durs : passée la première demi-heure, ce film m'a touché, sans doute parce qu'il met en scène des conditionnements que j'ai un peu connus, étant né au moment de la défaite d'Indochine. La peinture de l'époque de mon enfance est pour moi assez réussie, et la finesse de jeu de Cotillard autant que la prestation de Brendemühl ont su faire monter mon émotion, surtout au moment du coup de théâtre final, plutôt bien amené selon moi.
Ma moitié a passé un bon moment aussi, elle et moi sommes donc raccord avec Garcia, qui est notre aînée comme le serait une grande soeur. Mais notre grande fille, qui nous accompagnait, s'est un peu ennuyée quant à elle.
Un beau film trop générationnel, peut-être ?