Une esthéticienne, Muriel, est fan depuis 20 ans du chanteur Vincent Lacroix. Une vraie, elle va voir plusieurs concerts de la même tournée, a tisser des liens particuliers avec son idole, achète toute la presse qui parle de lui,… Une groupie style Patriiiiick Bruel qui serait devenue quadra. Cà m’aurait paru gros si je ne connaissais pas quelqu’une qui fait la même chose avec Patriiiick Fiori… Eloquent, oui, mais réaliste. Et elle n’est pas esthéticienne, loin s’en faut ; alors forcer le très du côté populaire de la groupie au point d’en faire une esthéticienne aux gilets populos. Passons. Voilà qu’un soir, Vincent se retrouve dans la panade et débarque chez Muriel, prête à tout pour lui et il le sait bien, afin de l’aider à sortir de ce mauvais pas. Et la vie de Muriel, la sage femme séparé, un peu trop bavarde et racontant des histoires farfelues va basculer.
Surfant sur la vague de la comédie à suspense qui se veut non conformiste, Jeanne Herry, pour son premier film, s’essaie au thriller aux accents de comédie. Mais n’est pas Dupontel qui veut. Les dialogues sont bien écrits et on pense surtout à quelques scènes très drôles : la première séquence où Muriel raconte une anecdote macabre à ses enfants, les échanges musclés et électriques entre Sandrine Kiberlain et Pascal Demolon (le flic), et la scène sur Klaus Barbie… Tout cela relève du « One woman show ». Sandrine Kiberlain, dans ce rôle de femme un peu affabulatrice visant à enjoliver son quotidien qui va se muer en menteuse effrontée et convaincante, offre un jeu d’une grande ambigüité… elle est très drôle et porte avec, mais dans une moindre mesure, Laurent Laffite, ce film. Elle est irrésistible. Mais le scénario n’est pas à la hauteur et il fait une sérieuse sortie de route à mi-parcours. Que va-t-elle faire à donner de l’ampleur à des personnages secondaires tels que le couple de flic qui passe son temps à s’engueuler ! Cà sonne faux de bout en bout ; et tellement faux qu’en plus elle gâche son suspens si bien installé dans la première partie. Ces querelles alambiquées ne sont que prétexte à préparer un salto arrière final risible.
Et pour résumer dans Sud Ouest : « Jeanne Herry semble peiner un peu à circonscrire son intrigue, se souciant légitimement de donner plus de corps à ses personnages secondaires sans qu’au final ils apportent grand-chose de plus sinon en termes de ficelle scénaristique – et partant sur une invraisemblance qui compromet toute la suite. »