D’habitude je me méfie grandement des films dont la bande-annonce montre plus des avis de spectateurs satisfaits que d’images du métrage : souvent il s’agit d’un joli subterfuge pour cacher la médiocrité de la péloche en question (on se souvient encore de cette fumiste escroquerie que fut "Paranormal Activity" !) Et bien, pour une fois, on ne nous a pas pris pour des idiots : "Rosalie Blum" est un petit film sans grande prétentions sauf celle de nous divertir en nous parlant simplement de choses finalement assez banales mais qui parleront à tout le monde. En effet, le film part sur une situation quelconque que tout le monde peut avoir connue : être intrigué par une personne dont l’attitude, les paroles, le regard ou simplement un sourire nous a marqué pour une raison qu’on ne comprend pas nous même. Vincent, bin c’est vous, c’est moi, c’est tout-le-monde…et on pourrait dire cela de Rosalie ou d’Aude : chacun a sa une vie, ses secrets, ses regrets, ses échecs, sa joie, son ennui …tous ont eu un jour où l’autre un grain de sable dans la mécanique de leur destin qui a changé le cours de leur vie pour les amener là où ils en sont aujourd’hui…et c’est encore un simple grain de sable qui mettra en route une remise en cause de tout leur univers. Certes, le film ressemble beaucoup à "Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain" (la joyeuse folie visuelle de Jean-Pierre Jeunet en moins : non moins talentueux, Julien Rappeneau reste bien plus terre-à-terre dans sa mise en scène épurée) et parvient à prodiguer le même petit état euphorique en le visionnant : nous avons droit à un joli conte moderne dont la construction en forme de chapitres nous amène petit à petit des nouveaux éléments afin de nous conduire doucement au final, tel un puzzle savamment orchestré. Un grand bravo au casting qui est plus que convaincant, même les rôles secondaires (qui assument parfaitement leur statut de comique : Anémone est terrible, Sara Giraudeau et Camille Rutherford sont tordantes et Philippe Rebbot est un joyeux fou !!), mais Kyan Khojandi et Noémie Lvovsky sont très touchants ; quand à Alice Isaaz, il s’agit d’une véritable révélation pour moi. Par contre, ne connaissant pas spécialement la bande dessinée éponyme de Camille Jourdy dont il est tiré, je ne peux pas vous dire si le métrage en est une adaptation fidèle. Sympathique « feel good movie », "Rosalie Blum" est une agréable surprise qu’on n’attendait vraiment pas, une petite aventure poétique dont certaines scènes cocasses et dialogues jubilatoires font mouche. Il est plaisant de voir que le cinéma français parvient encore à se renouveler de façon positive.