Bien que les différents opus de la franchise soit inégaux et que dans l’ensemble c’est assez classique et facile, la franchise « Le transporteur » me plait bien. Pourtant, je n’avais pas encore eu l’occasion de voir le dernier volet en date « Le transporteur : Héritage » qui décide de repartir à zéro avec cette saga. Accompagné de mauvais échos et avec Jason Statham en moins au casting, j’étais donc à la fois curieux et sceptique de découvrir le résultat.
Finalement, c’est plutôt bien passé. On n’est pas dans la finesse mais le cahier des charges est respecté. On a un film sur le transporteur classique avec son lot de scènes d’action prévisible et de touches d’humour plus ou moins efficace pour englober le tout. Ce reboot ne prend au final pas beaucoup de risques. Il ne chamboule pas tout et emprunte un chemin balisé avec des protagonistes et une intrigue que l’on a déjà vu des centaines de fois au cinéma et encore plus dans une production EuropaCorp. Usant de toutes les caricatures et autres stéréotypes à sa disposition, le scénario nous emmène d’un point A à un point B sans surprises ni originalité ne pensant qu’à distribuer ses scènes d’actions et ses punchlines. En l’état, cela ne me dérange pas plus que cela. On n’est pas dans du grand cinéma mais c’est ce genre de choses que j’attends de ce type de production. Du coup, même si ce n’est pas transcendant et que c’est très léger, cela m’a divertit. A la limite, je trouve ça juste dommage que le long métrage n’ait pas essayé de faire quelque chose de différent mais je m’y attendais un peu. A vrai dire, vu les retours que j’en avais, je m’attendais même à pire…
Pour que la surenchère du scénario fonctionne, il faut que la distribution surenchérisse également et sur ce point, Ed Skrein (Frank Martin Jr.) s’en donne à cœur joie. Jason Statham faisait du cabotinage, Ed Skrein fait du cabotinage de Jason Statham. Dans la gestuelle, les mimiques, les regards, l’acteur tente de coller à l’image que l’on connait de son personnage. Il n’est pas détestable en soi mais il ne m’a jamais fait oublier Jason Statham malheureusement et n’apporte pas sa propre vision du personnage de Frank Martin. Passé ce constat, j’ai quand même aimé le voir évoluer et même si il manque un peu de charisme, il s’en sort quand même pas trop mal. J’ai bien aimé son duo avec Ray Stevenson (Frank Martin Sr.). Ce dernier en fait des tonnes également mais la légèreté dans leur duo qui frise la parodie rend le spectacle plaisant pour peu qu’on se laisse prendre au jeu. Les deux comédiens sortent en tout cas du lot car pour le reste, on a la caricature mais rien qui ne me marque plus que cela à l’image du grand méchant, Radivoje Bukvic (Arkady Karasov) qui sert surtout de faire valoir. Ce méchant ou un autre, cela n’aurait pas changé grand-chose au scénario mais ça fait toujours plaisir de caser un mafieux russe. J’ai quand même apprécié les rôles féminins qui ne se laisse pas totalement faire pour une fois. Mené par Loan Chabanol (Anna), le quatuor montre des choses sympathiques même si ce n’est pas très novateur. Le pire, c’est quand même Samir Guesmi (L’Inspecteur Bectaoui). Il a beau avoir que quelques passages à l’écran, j’ai trouvé son interprétation assez catastrophique même pour un film qui ne se prend pas au sérieux. D’une manière générale, on est pourtant dans la surenchère assumée (j’ai essayé la V.O. et la V.F. pour voir si il y avait une différence) mais avec lui, ça ne marche vraiment pas.
La réalisation de Camille Delamarre est sinon bien passe partout. Le cahier des charges est là encore respecté, le boulot attendu est fait et EuropaCorp a trouvé un bon petit soldat pour mettre en scène ce nouveau volet comme il le désire. Ici, il n’y a pas d’identité artistique, pas d’âme personnelle. On a le produit tel qu’il a été commandé même si certains passages sont quand même sympathique à voir comme la scène avec les bouches d’incendie ou la scène de combat d’ouverture. Après, il faut rentrer dans ce genre de spectacle. Pour ma part une nouvelle fois, c’est ce que je voulais trouver donc il n’y a pas de déception. Bien entendu, cela aurait été cool une prise de risques quitte à remettre les compteurs à zéro mais bon, au moins je n’ai pas vu le temps passé. C’est rythmé, ça ne fait pas dans le détail et on a peu de temps mort. Même la musique est très classique et ne s’embête pas pour créer une quelconque atmosphère un peu différente (durant tout le film, je ne désespérais pas de voir débarquer Jason Statham, cela ne m’aurait même pas surpris tant ce reboot s’inscrit dans une certaine continuité).
« Le transporteur : Héritage » ne nous laisse rien de bien palpitant comme testament. Finalement, suite ou reboot, peu importe, la recette reste inchangée et ce n’est pas plus mal. Le fait de m’attendre à pire m’a peut-être mieux fait passer la pilule mais après avoir vu les trois premiers films, je ne suis pas surpris par ce quatrième volet qui reprend globalement la même trame et se hisse au même niveau que ses prédécesseurs. Ed Skrein est loin de me faire oublier Jason Statham (surtout si on ne change rien à l’intrigue principale) mais je me suis divertit et c’est ce que je veux retenir.