Sept ans se sont écoulés depuis la dernière mission du transporteur campé par Jason Statham. Une mission périlleuse. Une mission de tous les dangers. Mais quand on voit la distribution des rôles, c’est comme qui dirait une révolution dans ce monde particulier qu’est ce genre de transport. Pire : un véritable séisme. Un nouvel épisode de "Le transporteur" sans Jason Statham équivaut à faire un nouveau film "Rocky" sans Stallone ou de faire "Pirates des Caraïbes" avec Jack Sparrow sans Johnny Depp. On nous a refait le coup des "Don Camillo" avec un sixième volet sans Fernandel ni Gino Cervi ("Don Camillo et les contestataires") ! Pourtant qu’est-ce que la trilogie a été décriée ! Tout n’était pas parfait, loin de là, surtout le numéro deux, mais paradoxalement, qu’est-ce qu’on aimait bien cette petite saga ! L’engouement a même donné naissance à une série, c’est dire ! Si on aimait bien l’ensemble des trois films, c’est pour plusieurs raisons. En fait trois, la première étant le charisme de Jason. Je vous surprends ? Bah il n’y a qu’à le regarder : Statham faisait preuve d’un minimum d’humanisme. Son personnage, en dépit de des règles qu’il s’était fixé (et que finalement il avait bien du mal à respecter), se souciait toujours au moins de quelqu’un. Et puis il prenait le temps de vivre (parties de pêche), faisant de lui quelqu’un comme vous et moi, avec son art du pilotage et de la baston en plus. La seconde raison se trouve dans la complicité communicative avec l’inspecteur Tarconi, une complicité née de celle qui régnait entre les deux acteurs. Une complicité évidente. La troisième raison réside dans la chorégraphie des combats. Un vrai ballet musclé. Les trois raisons réunies amènent fatalement une quatrième : les films offraient un bon divertissement malgré les nombreux défauts que moi et beaucoup d’autres ont pu relever. Aussi je trouve dommage qu’on ne puisse pas mettre en comparaison les trois films avec "Le transporteur : héritage" dans un tableau. Les différences n’en auraient été que plus saisissantes. Cela dit j’ai confiance en votre sens du discernement alors je me lance pour constater avec moi le bilan catastrophique du séisme que j’ai décrit plus haut. Outre la toute première scène suivie d’une ellipse de quinze ans, un air de déjà vu vient pendant un temps nous inonder par le parking désert et la tentative de braquage d’une grosse berline allemande. Tiens donc ! Luc Besson et compagnie seraient en manque d’idées ? A croire que oui, et comme toute l’équipe de tournage a eu l’air d’en avoir pris conscience, pour compenser ça vas-y que la caméra en mouvement perpétuel nous permet de reluquer la belle Audi sous toutes ses coutures. Déjà qu’on retrouve la côte d’Azur une fois de plus… Cependant la construction semble rester la même que les autres films par la présence d’une première scène d’action très tôt dans le film. Ensuite, comme je l’ai précisé plus haut, exit Jason Statham (entraîant dans son sillage Berléand et son personnage). Place à Ed Skrein. Millidiou !! Qu’est-ce qu’il est sérieux ! Jamais un sourire, toujours il a l’air coincé, enfin je veux dire perpétuellement tendu. Oulala ! On devine qu’il ne va pas faire dans la dentelle ! Moi je vous le dis, ça sent la surenchère dans l’action et la baston. Le fait est qu’il ne fait pas dans la dentelle. Mais j’ai trouvé la chorégraphie des combats moins léchée. Le jeu des tiroirs est une idée bien trouvée, mais… le spectacle n’est pas vraiment probant parce qu’il peine à convaincre. Hum, je suis gentil. En fait, ça ne convainc pas. Entre pas du tout et pas beaucoup, à vous de faire votre propre opinion. Mais enfin le voilà affublé de quatre James Bond girls plus futées que lui. Le monde à l’envers, au vu des films précédents. Avec Ed Skrein, on notera le retour de ces foutues règles. Hélas, le scénario prévoit une intrigue qui ruine ces fameuses règles à rien d’autre qu’un feu de paille. Et si dans une autre intrigue on avait conservé ET respecté ces règles ? N’aurions-nous pas gagné en suspense ? Ok, je vous l’accorde, il aurait fallu que Ed Skrein soit muni d’un minimum de charisme. Parce que là, franchement, il n’a rien pour plaire alors je ne comprends pas pourquoi ce que ces brunettes-blondes girls lui trouvent. Et ce n’est pas la jalousie qui me fait dire ça ! Mais pourquoi l’avoir appelé, Franck Martin Jr ? Ça n’a aucun sens, surtout avec un père pareil. N’aurait-il pas mieux valu le présenter comme un ancien élève de Franck alias Jason ? Ah oui pardon, on n’avait sans doute pas de temps à perdre dans les présentations. Voilà qui m’amène aux incohérences. Il y en a une toute ribambelle, tellement que je n’aurai pas assez de la journée pour les citer toutes. Je ne reviendrai pas sur la pseudo-romance dont je viens de parler à demi-mots mais bel et bien de la voiture surpuissante. Elle développe je ne sais combien de chevaux, mais suffisamment pour faire patiner les roues en écrasant le champignon au plancher alors que la vitesse a déjà dépassé les 160/180 km/h. Mais, il manque encore des chevaux. Si, si, je vous assure. Ben tiens, des pauvres petits Scénic de la police parviennent à suivre la grosse voiture lancée à tombeau ouvert dans les rues de la ville, c’est d’une logique implacable, vous ne trouvez pas ? En plus, moi je veux connaître la peinture qui revêt le véhicule, ainsi que le carrossier qui a dû le préparer. Parce qu’on renverse des bornes à incendie, on défonce des portails bien costauds sans que jamais la voiture ne soit égratignée. Elle est toujours impeccable ! Assureurs et carrossiers : la faillite vous guette ! Et que dire du fait que le super-héros nouveau roi(telet) de la castagne se fait finalement corriger par le plus faible physiquement ? Pardon ? Qu’est-ce que vous dites ? Ah oui : le héros doit être bien fatigué après toutes les péripéties qu’il vient de connaître. Assez de sarcasmes. Je vais passer aux bons points. Euuuuuuuuh… En fait je n’en vois pas. Ainsi que le dirait ce cher Louis de Funès, ce n’était pas mauvais mais TRES mauvais. En plus, quelqu’un m’a dit un jour qu’une femme à terre, quand elle se relève, ça peut faire très mal. Eh bien non seulement le film pourrait se résumer à ça, mais en plus il confirme cette prédiction. Car quoi qu’on en dise, ce n’est pas le personnage du transporteur qu’on retient le plus, mais bel et bien cette quête de vengeance particulièrement audacieuse qui retient davantage notre attention. Et ce n’est pas faute d’avoir sous-exploité les seconds rôles pour laisser la place à ce furieux de transporteur. Sauf que ça n’a pas marché. La preuve par la note moyenne récoltée. A jeter, donc…