Dans sa quête de renflouer ses caisses dans l’espoir de financer des projets bien plus imposants, la société EuropaCorp n’a cessé pendant plus d’une décennie de produire des séries B d’action sans grande imagination (et souvent manquant sincèrement de qualités). Certains succès commerciaux sont ainsi nés, donnant suite à des franchises (Taxi, Le Transporteur, Banlieue 13 et Taken) et, tout récemment, des remakes (Brick Mansions, reprenant Banlieue 13). Maintenant, c’est au tour de l’étrange mélange entre reboot et prequel d’être une mode au sein de l’entreprise de Luc Besson. Et pour cela, Camille Delamarre (monteur sur la plupart des derniers films du groupe) a été chargé de reprendre rênes d’une saga lucrative pour son second long-métrage, sans pour autant parvenir à redorer le blason bien terne d’EuropaCorp.
Car si Le Transporteur – Héritage se présente à nous comme les prémices du personnage de Frank Martin, le film ne diffère aucunement de ses pairs. Encore une fois, vous aurez droit à une intrigue mettant en avant une affaire de mafia et un réseau de prostitution. Et, au milieu de tout cela, un héros malgré lui, aux capacités physiques exemplaires, qui va sauver tout le monde à sa manière, l’air de rien. Une production Besson lambda, à laquelle on y greffe des personnages sans âme, des incohérences scénaristiques monstrueuses et des répliques affligeantes au possible. La routine, quoi ! Mais bon, on pouvait espérer que le tout se rattraperait un minimum en nous en apprenant un peu plus sur le protagoniste, étant donné que l’on parle ici de prequel. Pensez-vous !
Vous apprendrez seulement qu’il vient des forces spéciales (information déjà énoncée dans le premier opus, soit dit en passant) ainsi que certains détails de sa vie privée n’apportant rien du tout à la franchise, comme son lien avec l’antagoniste principal (il a travaillé pour lui, point
).
On pourrait même ajouter que tout a été fait pour ridiculiser ce personnage, c’est pour dire ! Que ce soit au niveau du choix de l’acteur devant remplacer pour le coup Jason Statham (Ed Skrein), n’ayant en aucun cas le charisme de ce dernier et restant au piètre niveau de ses camarades ; que sur le plan de l’écriture. Pour ce cas-là, on se retrouve avec un Frank Martin s’effaçant derrière
un trio de femmes qui lui pique la vedette et devant se coltiner un paternel trop envahissant qui lance du « Junior » à tout bout de champ (référence voulue à Indiana Jones 3 ?)
. À cause de cela, le protagoniste perd son aura qui faisait jusqu’ici le charme de la série, envoyant Le Transporteur – Héritage au casse-pipe et ce dès l’annonce du projet.
Heureusement, le long-métrage peut compter sur son aspect musclé pour sauver les meubles. Alors oui, comme dans toute production Besson, nous avons droit à une mise en scène douteuse, un montage clipesque et une bande originale abrutissante. Et puis, nous sommes très loin de l’efficacité des deux premiers films, qui pouvaient se vanter d’avoir eu de meilleurs réalisateurs en la personne de Louis Leterrier et de Corey Yuen. Ainsi que d’impressionnants corps-à-corps. Mais le résultat permet néanmoins de se divertir un minimum, Camile Delamarre livrant à quota d’action satisfaisant pour faire passer le temps. Ce qui est bien mieux du travail effectué par Olivier Megaton sur Le Transporteur 3 (et Taken 2 par la même occasion). Et puis, c’est toujours agréable de voir de véritables courses-poursuites et autre envolées d’adrénaline que des séquences factices abusant d’effets numériques, comme l’avait fait quelques semaines auparavant Hitman : Agent 47.
Sans doute pas la production Besson la plus honteuse, mais certainement pas la plus réussie non plus. Il est vrai qu’on ne s’ennuie pas, avouons-le ! Cependant, les nombreux défauts du film et son statut de reboot/prequel venant ternir le (peu) d’estime envers la franchise du Transporteur pèsent assez lourdement dans la balance. Pas sûr que la nouvelle trilogie promise par Besson et son équipe voie le jour !