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Un visiteur
4,5
Publiée le 12 décembre 2014
On a lu n’importe quoi sur le slam d’Abd Al Malik, certain le juge consensuel, un brin moralisateur. J’ai vu des amateurs de rap tenir ce discours. Ça me tue. Qu’on fait IAM avec Petit frère ou NTM avec Laisse pas traîner ton fils ? Comme si on ne pouvait pas faire le constat d’une situation dramatique sans en dénonçait les causes et les conséquences. Avec Qu’Allah bénisse la France, adapté de son propre roman, Abd Al Malik ne laisse plus de place pour ce genre de doute. Dix-neuf ans après La Haine de Mathieu Kassovitz, Qu’Allah bénisse la France rend hommage à son illustre prédécesseur par sa photographie d’un noir et blanc soignée. Sur les murs de sa chambre, bien en vue, un poster d’Assassin trône.
Régis (Marc Zinga) est un jeune de la cité Neuhof à Strasbourg. Vivant avec ses deux frères et sa mère, il caresse le rêve de devenir rappeur. Pour financer le montage de sa démo, il trafique de petits vols et du trafic de cannabis. Converti à l’Islam, puis au soufisme, accompagné par sa femme, Nawel (Sabrina Ouazani), Régis devient Abd Al Malik.
À 39 ans, difficile de verser dans l’autobiographie sans se perdre dans l’hagiographie. Abd Al Malik réussit l’exercice avec subtilité. Le chanteur ne pose jamais un regard condescendant sur ses compagnons, approfondissant plutôt la réflexion sur son propre parcours. C’est en ce sens Qu’Allah bénisse la France est juste dans la forme comme dans le fond. Le film d’Abd Al Malik ne fait pas l’impasse sur la dure réalité de nos quartiers les plus défavorisés. Son grand frère Bilal (Stéphane Fayette-Mikano) est diplômé mais ne trouve pas de travail. Son petit frère Pascal (Matteo Falkone) est plein de rage, dernier d’une fratrie qu’il perçoit comme vouer à l’échec par un système inégalitaire. Régis devient un petit délinquant mais se pisse dessus la première fois qu’il assiste à une fusillade. Qu’Allah bénisse la France est pétrie de situations de violences policières, de misères économiques et de délinquance par défaut. Une fois la situation posée, rien n’empêche de rêver un peu à un monde meilleur. Et c’est ce que fait Régis, le poète. Il rêve à un monde où les devises de la République ne sont pas de vaines annonces jetées avec mépris sur les frontons de nos bâtiments officiels. Il n’ignore pas que rien est fait en ce sens mais espère que nous trouverons les moyens de vivre ensemble.
Alors que les premiers gangstas américains racontaient de véritable tranche de leur vie, autant par égotrip, l’un des fondements du hip-hop, que par acte politique de raconter la vie misérable et dangereuse des ghettos, nous avons aujourd’hui droit à un rap bling-bling représenté par Booba, Maître Gims et les autres pourfendeur de sens porté aux nues par des maisons de disques cynique. Autobiographique et politique, dénonçant les injustices, tout en se mettant au centre du récit, Abd Al Malik avec Qu’Allah bénisse la France répond à deux aspects important de la culture hip-hop, le respect de soi-même et la lutte civique. Il y a une cohérence certaine à vouloir se sortir de la fange par la culture et on préfère largement que notre jeunesse entende ce message plutôt que celui d’une frange toujours plus importante des rappeurs hexagonaux prônant l’argent et les femmes faciles, en un mot, le rêve capitaliste. Alors même que c’est ce dernier qui plonge dans la misère les populations les plus faibles.
Alors oui, Abd Al Malik se pose comme un exemple à suivre et c’est peut-être présomptueux. Oui, n’est pas Malcom X qui veut mais diffuser un message de concorde, de paix et d’amour, c’est aussi un acte nécessaire de nos jours. Avec la dédiabolisation de l’extrême-droite et la diabolisation de l’Islam qui sévit dans tous les médias, entendre une autre voix, c’est déjà une belle victoire. Qu’Allah bénisse la France se clore par un mariage républicain comme une promesse de lendemain plus unis.
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Un film sans concession... Bouleversant de sincérité. une ode à la tolérance, des cris de désirs, d'espoirs... Ouvrons simplement les yeux " Liberté, Egalité, Fraternité". A voir, puis peut-être se rapprocher de la différence sans Haine.
De la musique à la littérature et, maintenant, le cinéma : Abd al Malik sait tout faire. Il livre, avec Qu'Allah bénisse la France, un film esthétiquement foutrement intéressant, en noir et blanc, sur les banlieues. On n'ira pas crier au génie pour autant mais, 1h40 durant, on s'est vraiment fait plaisir en admirant le côté léché des images projetées sur l'écran. Qu'Allah bénisse la France raconte le parcours de Régis, le vrai nom d'Abd al Malik, fils d'immigrés, élevée par sa mère avec ses deux frères, dans la cité du Neuhof à Strasbourg. Excellent élève, poussé par une professeur magnifique, mais petit délinquant flirtant avec le crime, le garçon est à la croisée des chemins. Ce sera pour lui overdose, prison ou... carrière musicale brillante. Pas de spoil ni de surprise : ce sera donc carrière musicale, mais on voit, tout au long du film, à quel point ce fut tangent pour lui. Et à quel point, surtout, tous ses potes n'ont pas eu sa chance. Le film, au-delà de son scénario - propre mais sans grande surprise - tient surtout par sa qualité esthétique. Pour un premier film, on ne peut qu'admirer la joliesse de certains plans, la maîtrise générale - merci au monteur ! - et, surtout, se laisser porter par la bande-son, évidemment primordiale dans un film sur un "rappeur".
trop banal. j'aurais du lire la biographie de abdel malik sur Wikipedia au lieu de voir ce film qui est a mon sens trop plat,vide,sans surprise,un film deja vu trop banal.
Le propos aurait-il été différent si ce film avait été tourné en couleurs et non pas en noir et blanc ? La réponse, ma réponse, est non. Alors, pourquoi donc ce choix ? Pour l'esthétisme et pour une référence au film La Haine, nous dit-on. L'esthétisme ? Depuis quand le noir et le blanc sont-ils plus esthétiques que la vraie vie... en couleurs même si elle est par certains aspects moche ? Et par la manière dont le sujet est traité, plutôt soft, on est loin, très loin de La Haine. Un choix sur la couleur de la pellicule qui désarçonne plus qu'il ne convainc. Pour le reste, le sujet est raconté comme un texte de rap. Monocorde, répétitif. Et puis ces intonations, ces accents agaçants, d'autant qu'ils ont manifestement été forcés par les acteurs qui dans la vraie ne parlent certainement pas comme ça. C'est lassant. Personnellement, je suis resté assez distant. Au registre des films (et ils sont nombreux dans la période) qui mettent en scène la France multiculturelle et multicolore, il y a eu de bien meilleures démonstrations.
Assez bonne surprise.Pourtant le sujet d'un jeune de banlieue , delinquant , rappeur , puis religieux , film en noir et blanc est tres segmentant et peu rebuter. Mais les images sont tres belle , la bande son colle bien au film et les jeunes acteurs vraiment pas mal. Bon on ne comprends pas toujours les dialogues avec ce melange de verlan et de mots etranger mais il faut en rester sur un vrai film de cinema assez singulier , personnel et assez reussi.
C’est quasiment un film en vase clos. Il raconte l’histoire vraie du rappeur Abd Al Malik qui avant de connaître la sérénité au sein d’une culture qui lui ressemble, passera par toutes les couches d’une société gangrénée. Excellent à l’école, Régis n’en demeure pas moins dealer, et chouraveur avec ses copains de la cité, tout en cherchant sa voie dans le rap. Auteur du roman éponyme, Abd Al Malik se charge avec maladresse de la réalisation de ce film, pendant juvénile (pour ne pas dire amateur) à celui de Kassovitz « La Haine ». L’ensemble est assez manichéen, sans consistance, avec cet étrange ressentiment que le cinéaste semble trimballer tout au long de son scénario, en lui donnant des coups de gomme, rageurs. La parité entre le bien et le mal, le noir et le blanc, la religion et la laïcité. Un parfait équilibre qui ne fait pas forcément un film parfait. Loin de là Pour en savoir plus
Pour un artiste réputé de la langue et du son qui ne voulait pas, par humilité, mettre en images son autobiographie et redoutait de témoigner visuellement de son cheminement spirituel - crainte bien compréhensible ! - ce premier essai cinématographique est une réussite, une prouesse. Il démarre sur une longue citation-echo-hommage à La Haine de Matthieu Kassovitz qui l'a visuellement inspiré comme Scarface et Al Pacino ont inspiré les caids de banlieue avant que "la pisse, le vomi et le sang nous ramènent à notre réalité" (Abd Al Malik). Puis c'est la gestation, le brouillon, images et dialogues confus, la violence et les épreuves parce que la Parole et l'Amour ne sont pas encore là. Puis, comme toujours par le Livre et la Rahma (féminine), discrètement, quand on est au plus bas et qu'on croit tout perdu même le film, ça se met en place. Les mots, la musique, le beat, et la caméra s'alignent dans une intention véridique de la tête au coeur. Et la vision se déploie, servie par le contraste extrême de ces mondes parallèles qui s'entrechoquent, servie par un magnifique N&B au superbe grain, une bande-son au meilleur de la "french touch"...et surtout, portée par la source intemporelle d'une inspiration indicible mais dont l'adresse nous est donnée à l'évidence comme une invitation à franchir ponts et détroits, à suivre la route de la Tariqa Boutchichiyya...
Sa poésie apostrophée aura su faire briller les coeurs de tous horizons, particulièrement au sein d'une certaine intelligentsia qui l'admire. Avec Qu'Allah bénisse la France, Abd Al Malik revient sur les terrains goudronnés de la banlieue qui l'a vu grandir pour offrir un nouvel éclairage sur un milieu souvent caricaturé par les médias. Il ressort de cette bouillonnante envie une forme de complément cohérent d'avec son univers de slameur, pourtant limité par l'identique d'une pensée militante en bis repetita. Pour en savoir plus, lisez notre critique complète:
Film ou le rythme est bon avec des acteurs vraiment bon mention spéciale à Marc Zinga qui s'approprie le personnage sans le dénaturer que sa soit dans le texte ou l'attitude mais également en rap ! C'est un essai converti !
Un film qui fait du bien, à la fois audacieux, touchant, fraternel, utile et en même temps un moment très agréable à passer. Très sincèrement Bravo et Merci ! De toute évidence, les messages véhiculés dans ce film ne plairont pas à tous, notamment aux partisans d'une France raciste et repliée sur elle-même. Vous l'aurez compris perso, je vous invite vivement à voir, revoir et partager ce beau film avec les belles personnes qui vous entourent.
Une biographie portée sur grand écran par un acteur principal qui nous fait presque oublier le vrai Abd El Malik grâce à sa justesse et sa profondeur. On peut observer quelque moments de flottements que l'on mettra sur le compte de la naïveté de la première expérience du réalisateur. Au final, on est accroché par cette histoire à la fois originale mais aussi tellement actuelle. La plume de cet artiste hors norme transperce l'intolérance en plein coeur pour laisser jaillir la lumière du vivre ensemble.