Pour sa première réalisation, Ada Loueilh tresse un drame fortement ancré dans des événements récents et où, comme de nombreuses premières réalisations, affleure un vécu personnel. Ici on suit donc ses héros qui débarquent à Paris après avoir fui la Côte-D’Ivoire où le conflit post-électoral entre Laurent Gabgbo et Alassan Ouattara a provoqué l’exode des expas. Il a tout perdu et arrive à Paris sans un sou, seulement encombré (à ses yeux) d’une fille qu’il ne connaît presque pas, et qui elle se demande ce qu’elle fait là, alors que la seule personne qui compte pour elle, sa mère, est coincée dans un pays en guerre civile. Le drame est plutôt lent et se focalise sur les problèmes de ces rapatriés qui ne se sentent pas chez eux en France et qui vivent mal, en outre, le fait d’être sans ressources, mais également sur des relations pères-filles houleuses. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans le film qui se concentre beaucoup sur ce couple dont le père est loin de susciter la sympathie (et encore moins l’empathie) et qui au contraire provoque immédiatement, ou peu s’en faut, l’hostilité. La réalisatrice arrive pourtant au bout du compte à nous intéresser aux problématiques de ces réfugiés dans leur propre pays qui se languissent de la vie, et finalement, d’un pays qu’ils ont fui et qu’ils considèrent comme le leur. Le lent apprivoisement qui se fait entre le père et la fille finit lui aussi doucement par nous intéresser, même s’il n’arrive jamais, comme le film dans son ensemble, à nous sortir d’une contemplation un peu détachée. “Papa soleil” est donc un drame plutôt bien réalisé, mais dont l’intrigue lente et incarnée par deux personnages qui peinent à nous faire sentir concerné par leurs péripéties, ne réussit jamais à nous faire entrer complètement dans l’histoire. Assez intéressant, mais pas vraiment enthousiasmant ni, à vrai dire, indispensable.