Vous voyez les mecs, là, on a vraiment du lourd. Et malheureusement, pas dans le bon sens du terme. La couleur est annoncée d'entrée de jeu. On voit ce petit gamin, qui a une bonne bouille d'ailleurs, qui tape un roupillon dans le train et qui, lorsqu'il se réveille, n'entend pas un mot de ce que les autres disent. Il est sourd. So what ? On ne trouve alors rien de mieux que de nous balancer en arrière-fond sonore LA chanson emblématique de Simon and Garfunkel : Sound Of Silence. Ça veut donc dire que, sous prétexte que le môme n'entend pas un mot, il paraît indispensable de mettre une chanson dont le titre se traduit par : le son du silence. Certains y verront un parallèle astucieux, moi, j'y vois surtout de la vulgarité. Voire même de la malfaisance. Moi, je veux causer d'un truc qui m'a bien marqué : au début, on a quand même une réplique qui dit textuellement : "t'auras assez de bits ?". Et un peu plus tard, un truc du style "à plus tard pomme q". Sans oublier, un "No way" revenant à plusieurs reprises. Des blaireaux de cet âge, j'en ai entendus parler un bon paquet, mais j'avais jamais entendu de tels échanges. Comment peut-on faire croire que, même l'ado le plus abruti qui soit puisse parler de la sorte ? Donc, en gros, être ado aujourd'hui, c'est forcément être lobotomisé par les écrans et parler comme un langage secret que t'es le seul à pouvoir comprendre. Je suis désolé, mais là, en matière de profondeur de réflexion, on est quand même au sixième dessous, et encore. Les clichés ? Tu parles qu'il y en a. Tout le film n'est rien d'autre qu'un amas de clichés. Les parisiens, c'est rien que des blaireaux qui savent pas kiffer la life, pour les provençaux, le nord commence à Montélimar, quand les gens du midi se rincent la dalle, c'est forcément à coup de pastis. Et ainsi de suite. Mais, je ne peux résister à l'envie d'évoquer deux moments particuliers en plus: pour rester sur les clichés : le voyage en Camargue, là les mecs, on touche le pompon. La petite amoureuse, elle sent au plus profond que c'est avec lui que ça va faire crac-crac pour la première fois. Et le mec, un sosie peu éloigné de Camille Lacourt et tel le prince charmant, l'amène sur une plage, en la prenant sur un cheval blanc. Une gonzesse de quinze piges peut trouver ça joli, mais, quand on est à l'âge adulte, ça fait franchement rire de voir un truc pareil. Et maintenant, si on s'attardait un peu sur le sommet de malaise ? J'ai trop envie, je ne peux résister. Les vieux potes motards déboulent. Oh ben dis donc, aujourd'hui il est ronchon et méchant, mais avant, en fait papy il était grave décontracté du slip. Et quand tout ce beau monde se met à pousser la chansonnette, en rythme avec la guitare d'Hugues Aufray (chanteur que j'adore au passage), on se met bien et on boit le coup sur du Bob Dylan. Perso, je trouve ça vachement limite, quand on connaît la teneur contestataire des chansons que le Barde a composées dans les années 60. Qu'avons-nous jusqu'à présent ? Des clichés à gogo et deux sommets de malaise ou de ridicule. Passons sur un déroulement archi-prévisible. De toute façon, avant même de lancer le film, on savait que ce serait cousu de fil blanc. Dans l'absolu, ce n'est pas un problème. Mais ici, c'en est un. Il y a tant de dégâts. Techniquement, c'est juste immonde. Bosch multiplie les plans foireux. Sa réalisation ne dépasse pas le niveau de celle du téléfilm lambda. Je vous vois venir, pourquoi cette petite étoile après tout le mal que j'ai dit ? Déjà, pour la présence d'Hugues Aufray, que j'adore comme je l'ai déjà dit. Et qui fut d'ailleurs le premier chanteur français que j'ai adoré. Plus tard, suivront Gainsbourg, Brassens et Higelin pour ne citer qu'eux. Aussi pour Jean Reno qui parvient à rester un minimum digne au milieu de cette bouillie de cinéma et pour Aure Atika qui, même si son rôle ne sert absolument à rien, est quand même divinement belle. C'est tout. Cinématographiquement parlant, il n'y a rien à voir.