Manglehorn (2014
A.J. Manglehorn est un vieux sérrurié accariatre, mais vivant encore dans l'ombre d'un amour passé. Son caractère se retrouvera malheureusement en travers de ses relations avec les gens autour de lui.
Manglehorn est un personnage au passé sombre et inconnu, mais nous le voyons interagir avec les autres, que ce soit avec Dawn, avec son fils ou encore avec sa petite fille. C'est donc progressivement que son personnage prend forme, à travers quelques dialogues et par la description du passé de Manglehorn par les autres protagonistes. Alors que les moments de discussion entre les différents personnages, par exemple celui entre le grand-père et sa petite fille au parc est très bien écrit, d'une simplicité remarquable mais contenant beaucoup de vie et une pointe de naïveté, la narration après coup de la part du fils ou des autres sonnent faux, cherchant à s'excuser, un peu à la façon de la description des « Beauty and the Beast Corps » par Drebin dans Metal Gear Solid 4.
Le protagoniste est déchiré par son envie de retrouver son ancien amour, et cette incapacité, cet obstacle se traduit par une haine, une humeur aigre et hargneuse constante, l’entraînant doucement dans une spirale vers la solitude et le regret. Passant un revirement approximatif, rapide et manquant d'explication ou d'impact, le troisième acte
est heureusement la rédemption, le moment où il devient lucide et délaissera le passé et se concentrera sur le bonheur présent et ce qui est important, une leçon simple mais vitale.
Le film nous décrit par ailleurs à de nombreuses reprises de courtes et petites visions ouvertes sur autrui, à la façon d'un spectateur de passage observant un fait, un petit moment du théâtre de la vie. Que ce soit dans le centre de paye, à la cafétéria ou dans le parc. C'est très agréable et contribue à donner un sentiment chaleureux et de compassion à l'histoire.
Al Pacino nous présente avec justesse sont personnage sombre et désenchanté. Il rouspète et lâche son venin sur les personnes proches de lui, que ce soit sa famille ou Dawn, déversant sans état d'âme, sans émotions et sans scrupule des vérités poignardantes, par moment cruelle et rétorquant de plus belle lorsque sa responsabilité est en jeu. Il ne pense qu'à lui par moment, alors qu'à d'autre, sa personnalité profonde, bonne et juste transparaît timidement, pour immédiatement se retransformé en argument et en arme.
Il se plaint de ce qu'est devenu son fils sans réagir en adulte, parle en égocentrique face à Dawn, rejette la faute sur Gary, etc. Tout cela polarisait le personnage par rapport au spectateur, et pourtant la scène suivante le rachetait.
Tout cela est dû à un jeu de qualité de la part de Al Pacino, bien que certains monologue, lorsqu'il raconte une anecdote soit trop dans le style académique, classique.
Dawn est incarnée par Holly Hunter, qui lui confère une sensibilité et une gentillesse apparente, mais au final, nous la découvrons d'avantage dans ses réactions et lui accordons de la sympathie.
Le montage est incroyablement mauvais. Le monteur a choisis de monter à plusieurs reprises des plans et scènes complètes en superposition (deux scènes à 50% d'opacité l'une sur l'autre). Essayant de donner un style, mais au final c'est un foutoir. J'arrivais à suivre les deux informations mais ce n'était ni esthétique, ni agréable, n'apportait rien à la scène qu'un montage alternatif pouvait donner, diminuait l'impact des prises de vues, gâchait le travail du directeur de la photographie, offrait une bouillis de couleur et rendait l'image plus sombre et moins lisible. A.J. et son monologue interne était tout aussi intéressant que le parcours qu'il effectuait dans la boutique de Gary, lorsqu'il s'occupe de son chat, etc. Les déclarations des autres intervenants, servant à racheter le comportement d'A.J. sont intercalées à des scènes mondaines qui servent pourtant autant à la description du personnage.
L’enchaînement et le montage des dialogues est juste serviable, coupant aléatoirement pour offrir un champ et un contrechamp syndical, et l'histoire semble incomplète (j'ai lu que des scènes à l'impact important ont été filmé mais retiré au montage... wtf
La musique quant à elle est moyenne, tout juste au service du film mais n'apportant pas grand-chose.
Un film avec quelques qualités (les personnages et acteurs), mais plombé par de gros défauts (une narration incomplète et un montage catastrophique).
6/10