C'est toujours très intéressant de regarder comment des étrangers perçoivent la France, et à travers elle, la ville de Paris. On se souvient du très théâtral "Minuit à Paris" de Woody Allen ou encore du délicat et subtil film "Un week-end à Paris" qui montraient de façon quasi romanesque voire sarcastique la capitale française. Ici, c'est un Paris très britannique qui s'offre aux yeux des spectateurs. Un Paris des cartes postales, de très belles cartes postales d'ailleurs, un Paris mélangé où les bouches de métro ne correspondent pas aux lieux où les scènes se jouent, un Paris qui n'existe pas, celui des luxurieux hôtels particuliers dans le Marais. C'est une ville de Paris sans parisien, à part les éboueurs, les maris trompés, quelques passants amoureux, les agents immobiliers lunaires et les hommes d'affaire bilieux. Car plus qu'un film sur Paris, "My old Lady" est un film purement anglais. Mathias, la soixantaine, hérite de son père d'un magnifique appartement dans le Marais, cerné d'un jardin magnifique sans jardinier, où il apprend que ce bien est issu d'une vente avec rente. Justement, la rentière, une vieille dame de plus de 90 ans (elle ment sur son âge, raconte le film avec beaucoup de drôlerie et de douceur) habite le bien sublime où elle coule ses journées à entasser de l'argent. Elle partage sa vie avec sa fille (Kristin Scott Thomas, très juste) qui donne des cours d'anglais dans un institut fondé par sa propre mère. L'idée de départ est très bonne. Dès le début du film, on sourit, voire on rit. L'humour est anglais, kitch parfois, sophistiqué comme le serait une pièce d'Oscar Wilde. Mais très vite, la film sombre hélas dans u grand ennui. Car on y parle trop. Israël Horowitz a tiré ce film de sa propre pièce de théâtre. Justement, le réalisateur fait la démonstration pour le coup très verbal, qu'il ne suffit pas d'écrire de beaux et larges dialogues pour faire un film. Le cinéma, c'est d'abord des images animées, et pas seulement cette série de clichés improbables d'une ville où vivent des gens riches et où des femmes chantent sur la scène des airs d'opéra de Mozart. De plus, le film brasse une telle quantité de thèmes (l'argent, la mélancolie, la psychanalyse, les relations parents enfants, l'adultère, l'inceste etc.) qu'il devient une sorte de compilation désordonnée de sujets qu'on voudrait donner à traiter par des bacheliers en philosophie. On saluera les accessoiristes qui ont habillé l'appartement d'objets incroyables, habités par le poids des secrets de cette Old Lady. On saluera aussi la prestation délicate de Maggie Smith. Mais cela ne suffit pas. On aimerait tellement que Kevin Kline parle un peu moins, et que le film se laisse saisir par l'émotion, totalement absente d'un bout à l'autre de l'histoire.