Bon ben Blood for Irina c’est un film finalement très moyen, qui a quelques qualités mais qui manque tout de même sérieusement de consistance. J’ai un peu pensé à Amer en le voyant.
Tout d’abord les acteurs n’ont pas grand-chose à faire. Personnages muées, la vampire se contente de sucer des victimes, de vomir, de se retrouver dans sa baignoire ou de déambuler pour rien. A ses cotés il y a des personnages totalement vides, sans relief, destinés pour l’essentiel à finir sous les crocs de la vampire qui parvient, sans être un canon de beauté à les attirer dans son antre (un viel hôtel décrépi franchement pas terrible pour une aventure torride !). Autant dire que c’est très creux, et que, malgré son sujet, le film manque de fait cruellement d’émotion, de lyrisme, de sensation.
Le scénario est vide. L’idée de départ est bonne, le choix d’un film sans dialogue se respecte, le problème c’est que le film dure 1 heure 10, et après les vingt premières minutes au style surprenant, il est très aisé de décrocher, confronté à un rythme des plus mous, à un manque de rebondissement terrible, et de surcroit, très répétitif. Il se passe simplement toujours la même chose, et de fait au bout du compte c’est lassant. En fait je pense que le format court ou moyen aurait nettement plus convenu, et que c’était une erreur du réalisateur de vouloir essayer de tirer sans d’ailleurs vraiment y parvenir, vers un vrai long métrage.
Coté réalisation c’est mieux, mais enfin, il ne faudra pas être non plus trop exigeant. Le réalisateur utilise beaucoup de techniques de mise en scène, mais il ne les maitrise, loin s’en faut, pas toutes. Il y a vraiment des passages sans intérêt (la manière dont il filme son héroïne vomissant) et un film de ce genre demande une totale maitrise. Autant j’avais pu ressentir cela du coté de Subconcious Cruelty par exemple, autant ici le réalisateur apparait comme dépassé par ses ambitions, et livre un spectacle plus souvent ridicule que prenant, malgré là encore un début sympa. Les décors sont bien trouvés en revanche, et dégagent une ambiance morne, atemporelle, très plaisante. C’est vraiment cette ambiance qui rend le film regardable jusqu’au bout, dégageant une vraie tristesse, se dotant d’un coté déprimant des plus réussis. La photographie est honnête, souvent assez sobre, malgré là encore quelques inutilités de temps en temps, des fioritures vaguement prétentieuses. Pas d’effets horrifiques dans Blood for Irina, le film ne s’aventure pas du tout sur le terrain de l’horreur malgré sa créature vampiresque. Je note enfin une très bonne bande son, qui introduit un peu de l’émotion manquante globalement dans le film. Quelques passages dissonants justifieront cependant une baisse de son, mais à vrai dire ils peuvent se justifier car ils surviennent dans des moments tragiques.
En clair Blood for Irina est un film expérimental creux, qui m’a souvent fait penser à un mauvais Jésus Franco. On retrouve les mêmes préoccupations pseudo-intellectuelles de certains de ses films récents, avec des effets de style souvent lourdingues et mal maitrisés, et le creux scénaristiques que ne rattrapent pas des personnages souvent ramenés à de simples coquilles vides. Reste cependant une ambiance indéniablement réussie, sauvée par ses décors, son travail sur l’atmosphère (chant d’oiseau, vent qui souffle) et sa bande son. Cela m’autorise un 2, car c’est tout de même dans un film de ce genre un aspect essentiel, mais dans le genre il y a bien mieux.