Avis : Midnight Special - Page 2

En trois films, Jeff Nichols a su s'imposer comme l'un des cinéastes américains les plus doués et les plus prometteurs de sa génération. Pas étonnant que ''Midnight Special'', sa première collaboration avec un grand studio (la Warner en l'occurrence) soit attendu au tournant. Annoncé depuis un moment, le projet s'est fait mystérieux, ne révélant pas grand chose si ce n'est son appartenance à la science-fiction et la présence, incontournable, de Michael Shannon au casting. Dès le début, le film crée une ambiance. Nous sommes au Texas et Roy est recherché pour avoir kidnappé Alton qui n'est pourtant autre que son fils. Aidé d'un ami policier qui s'est laissé convaincre par Roy de l'aider dans sa quête, les deux hommes doivent mener Alton à un endroit bien précis à un jour bien précis. Pourquoi ? Parce qu'Alton est quelqu'un d'unique, un enfant pas comme les autres qui doit accomplir son destin. Avec sa simplicité habituelle, Nichols dépeint des personnages aux motivations claires sans s'embarrasser du superflu. Préférant laisser les explications de côté, le film reste volontairement flou sur certaines choses, préférant miser sur son ambiance (les décors sont magnifiques) et sur le jeu des acteurs (ces regards de Michael Shannon expriment tant de choses, c'en est bouleversant) que l'explicatif. On se laissera donc porter par ce film de science-fiction qui n'est pas éloigné du Spielberg de ''Rencontres du 3ème type'' ou du Carpenter de ''Starman'' et où tout ce qui arrive de surnaturel n'a pas besoin d'être encombré de beaux atours pour exprimer toute sa puissance émotionnelle. Avec une mise en scène sobre, superbe et jamais grandiloquente soulignée par une musique entêtante, Jeff Nichols transcende la science-fiction pour livrer une émouvante histoire de famille avec une simplicité presque déconcertante mais certainement admirable.

Midnight Special est un bon film. A la fois bon mais aussi quelque peu décevant, il se met dans la lignée d’un « Starman » de Carpenter d’où il fait référence mais très clairement en moins bien. Un road movie avec une incursion dans la science-fiction plutôt plaisant à suivre, teinté de mystère. Fuyant d’abord des fanatiques religieux et des forces de police, un père et son fils, accompagné d’un ami policier se retrouvent les proies d’une chasse à l’homme à travers le pays mobilisant les plus hautes instances du gouvernement fédéral. On découvrira que le petit garçon est doté de pouvoirs surnaturels et que son père, dans cette poursuite va tout faire pour le sauver et accomplir son destin.
Pourtant non dépourvu de bonnes intentions, l’œuvre manque d’idées et de grâce à l’ensemble pour sortir des sentiers battus en nous montrant un petit peu de déjà vu de chez Carpenter et Spielberg diront certains. On pourrait presque aussi y déplorer un manque d’originalité bien que dans la technique de réalisation elle s’y démarque. Le thème prédominant y est très clairement la relation père fils, de figures paternelles névrosées à la fois angoissantes et surprotectrices. Le film tout en étant lent et plat se veut tout de même intéressant et intriguant à suivre, et tout ce côté mystérieux m’a conquis. L’excellente introduction de fuite nocturne sur une route de campagne, tous phares éteints nous plonge de suite dans ce côté mystique.
La bande son très connoté aux sons électroniques de David Wingo est vraiment superbe et colle parfaitement à l’ambiance. Les thèmes d’intro et de fin resteront mémorables.
Le réalisateur Jeff Nichols signe ici son 4ème long métrage avec une réussite en demi-teinte mais avec une superbe réalisation. Film de science-fiction un peu raté, drame intense mais manquant d’émotions. Le casting non loin d’être sensationnel réussi plutôt bien avec Jaeden Lieberher, Michael Shannon, Kirsten Dunst, Joel Edgerton, Adam Driver, Sam Shepard tous bons.
Ce Midnight Special est finalement loin d’être un film si spécial, mais reste une sympathique virée au cœur de la nuit noire.
(Dans la nuit noire toutoum, dans la nuit noire et obscure, obscure et sombre, toutoum, qu’Isabelle s’est cognée contre les murs, les murs…^^)
Ma note : 7/10 !

Mud abordait déjà le thème de l’enfance comme un point de vue depuis lequel l’imaginaire peut se libérer et construire ses propres histoires. En prolongeant ce mouvement sous la forme d’un thriller de science-fiction, traversé par des rayons lumineux et des portails vers d’autres dimensions, Nichols marche bien sûr dans les pas de Spielberg. Midnight Special étant son premier film de studio, le réalisateur a désormais les moyens de donner à l’enfance et à l’imagination toute la latitude dont elles ont besoin pour se déployer à l’écran. C’est cette détermination à accompagner l’enfant jusqu’au bout de sa quête qui fait la réussite du film et rend les personnages de parents (Kirsten Dunst et Michael Shannon) si touchants malgré leur relatif manque d'épaisseur. C’est aussi ce qui fait la limite de Midnight Special, dont l’apparente fuite en avant relève en fait du faux mouvement. Il faut attendre le final, inattendu et grandiose, pour emporter définitivement Midnight Special au-delà de la série B, Jeff Nichols pouvant enfin s’offrir le luxe de rendre manifeste l’invisible qui vibrait sous la surface de ses précédents films.
Critique détaillée: https://www.espace-critique.fr/critique-midnight-special/

Roy (Mickael Shannon) et son fils Alton fuient une organisation appelée "Le ranch". Oscillant entre thriller et SF, ce quatrième film de Jeff Nichols démarre tambour battant avec ce jeune garçon affublé de lunettes de plongées et doté de pouvoirs surnaturels. Mais peu à peu le film s'étiole et bascule dans la SF tout en donnant l'impression que seule l'existence de l'enfant, devrais-je dire "l'élu", n'a d'importance. Je m'attendais à beaucoup mieux de ce film sans vraiment comprendre les éloges faites à son égard. Peut être une nostalgie de Spielberg à ses débuts pour certains...

Ils sont finalement assez rares les films inclassables. « Midnight Special » est un OVNI, rien de plus normal pour un film de science-fiction me direz-vous ! Sauf que cantonner cette œuvre à ce simple genre ne suffit pas. Nous avons affaire à du cinéma à la fois spécial, intelligent et minimaliste.
Si l’on retrouve un choc assez similaire à celui d’E.T. (tout de même !) le film est beaucoup plus actuel et oscille entre lumière et noirceur avec une simplicité déconcertante. Ceux qui ne se laisseront pas porter ne seront pas assez attentifs aux petits détails et seront frustrés par le résultat. Pour les autres, ce sera une claque magistrale !

On s'en doutait un film de SF par Jeff Nichols sortirait forcément des standards habituels, c'est bien sûr le cas mais le réalisateur de "Take Shelter" et "Mud" le fait avec un tel génie que "Midnight Special" s'impose directement comme une claque de l'année 2016.

Si l'on cherchait à tout prix à le référencer, le film se retrouverait "coincé" quelque part entre le "Donnie Darko" de Richard Kelly pour s'approprier les thématiques de notre société actuelle dans la conduite d'un récit SF ayant comme point central un prophète (notamment dans l'interprétation de la nature du jeune Alton par les composantes de notre monde : un être biblique par les fanatiques religieux, une menace pour la paranoïa gouvernementale ou simplement un fils dans les yeux d'un père et d'une mère) et une certaine nostalgie jamais réellement effacée des films de SF spielbergiens d'une lointaine époque pour sa capacité à émerveiller de manière innocente et adulte (non, non, ce n'est en aucun cas contadictoire).
Mélangeant la SF, le thriller et bien évidemment l'émotion, Jeff Nichols réussit le tour de force de nous livrer un film hybride qui, dans sa globalité, a l'audace de proposer une alternative originale à toute l'offre cinématographique actuelle du genre.

Habité par des personnages passionnants à décortiquer à travers le regard (lumineux) du jeune enfant (quelle écriture subtile ! quelle interprétation !), "Midnight Special" atteint son point culminant lors d'une séquence finale fascinante d'une poésie complètement folle qui s'étale autant aux quatre coins de l'écran que dans la force des émotions quasiment palpables de tout ce petit monde.

Simplement magnifique.
Merci Mr Nichols pour un film qui ne ressemble à aucun autre et qui deviendra à ne pas en douter un incontournable de la SF intelligente.

Voilà l'un des films les plus attendus de l'année. Celui qui, selon la promotion et la rumeur, doit révolutionner le film de science-fiction. Et puis, chaque film de Jeff Nichols est de toute façon très attendu. J'avais beaucoup aimé Take Shelter et encore plus Mud. Je ne vais pas faire durer le suspens plus longtemps, je tombe de haut avec ce Midnight Special. Et même de très haut, vu l'espoir mis en lui. Je me suis ennuyé tout le temps. Alors oui, c'est intriguant (surtout au début, mais cela se délite vite). Oui, c'est bien joué. Mais je n'ai jamais accroché, je ne me suis pas attaché aux personnages. Le dénouement n'a rien de transcendant. Je pense par ailleurs que c'était une erreur que de montrer la cité de l'autre monde. Rester dans un minimum de mystère aurait donner plus de force. Malgré très peu d'effets, ce qui aurait pu être une bonne chose, Nichols ne parvient pas à imposer une certaine ambiance, et encore moins de l'émotion. On entend parler d'un mix Spielberg/Shyamalan (j'ai personnellement pensé à Contact de Zemeckis), il n'en ressort que l'ennui du second (et rien du premier). En tout cas, c'est tout ce qu'il a réussi à m'imposer. Grosse déception donc. Et pas de révolution à l'horizon.

La quatrième œuvre du réalisateur indépendant américain Jeff Nichols est tout aussi envoûtante et riche en idées que ses trois premiers films, "Shotgun Stories", "Take Shelter" et "Mud". Financé en partie par un grand studio cette fois, ce jeune prodige a réussi à garder la main sur l’histoire. Le film reste donc fidèle à sa vision du cinéma, et laisse planer un mystère non résolu, ainsi que beaucoup de questions sans réponses. Mais c’est le spectateur qui en sort gagnant. "Midnight Special" est à la fois un road-movie palpitant à travers le sud des États-Unis, une histoire poignante entre un père et son fils, centrée sur une famille étrange qui, dans un autre contexte, serait d'apparence banale, mais enfin et surtout un vibrant hommage aux grands classiques de la science-fiction qui ont bercé la fin du XXème siècle. Les aspects techniques du film sont tous irréprochables : photographie lumineuse du Sud, montage lent et habile, bande son éclectique et Jeff Nichols laisse la part belle à ses acteurs, exceptionnel Michael Shannon, magnétique et émouvant dans une économie de mots, Kirsten Dunst avec son regard de mère pour le moins inhabituel, Joel Edgerton infaillible protecteur de cette fuite en avant, Sam Shepard inquiétant gourou d’une secte pourchassant l’enfant tant recherché, Adam Driver, enquêteur de la NSA à l’écoute des autres et qui permet ainsi au spectateur d’obtenir des bribes de réponses tout au long de l’histoire… et enfin le jeune Jaeden Lieberher parfaitement crédible en enfant mystérieux, élément clé de cette histoire à multiples degrés de lecture et qui touche au merveilleux.

Midnight Spécial.... Écrit et réalisé par Jeff Nichols (Take Shelter, MUD), avec Michael Shannon (Free Love, Man of steel, Take Shelter, MUD, Boardwalk Empire,...), Kirsten Dunst (Upside down, Melancholia, la trilogie Spider-Man de Sam Raimi, Marie Antoinette,...), Joel Edgerton (Exodus, Gatsby le magnifique, Warrior,...) , Adam Driver (Star Wars le réveil de la Force, While we're young, la série Girls de HBO) et le jeune Jaeden Libierher. On y suit la fuite désespérée d'un père et son fils vers un lieu inconnue, alors que tous deux sont à la fois pourchassés par le gouvernement, mais également par des fanatiques religieux. Le fils (joué par Jaeden Libierher) s'avère disposer de capacités hors du commun convoitées par tous. Voilà un rapide résumé de l'intrigue, sans entrer dans les détails.
J'étais impatient de découvrir ce film, sans trop savoir quoi en attendre. J'ai découvert sa première bande annonce il y a trois mois. L'ambiance sombre couplée à quelque notes mélancoliques et le mystère l'entourant ont sut attiser ma curiosité. Je me suis donc rendu au cinéma pour le découvrir avec une certaine appréhension. Et force est de constater que tous mes doutes ont été balayés d'un revers de la main. Midnight Spécial est une réussite en tous points. Une véritable petite claque, que je n'étais pas préparé à recevoir. Dès le début du générique final (emmené par la chanson folklorique traditionnelle "Midnight Spécial" justement) je me suis senti à court de souffle. Un sentiment que je n'avais pas ressenti depuis le Interstellar de Christopher Nolan. Et diable, qu'est ce que ça fait du bien.
La réalisation est absolument fabuleuse. Il y a une vrai tension qui rythme tout le film. Pour citer des exemples récents, on se croirait devant un Prisoners ou Sicario de Denis Villeneuve. Les plans de caméra sont magnifiques. Les jeux sur la lumière absolument bluffant. Le film a été tourné en 35mm et uniquement avec des lumières naturelles. Alors qu'une grand partie de son intrigue se passe de nuit, ces choix confèrent une pâte incroyable au long métrage et une imagerie simplement fascinante. De plus pour un petit budget (18 millions de dollars seulement), les effets spéciaux sont très réussis.
Le scénario est une réussite totale. Classique dans sa forme, mais juste brillant dans le fond. Il regorge de subtilité et a différents degrés de lectures. Loin de la science-fiction de ces dernières années au cinéma, qui aime à cacher ses faiblesses scénaristiques derrière pléthore d'effets visuels tape à l'œil. La paternité, le rapport à la religion, aux croyances, au sacrifice, à l'autorité. Il fourmille de thèmes traités avec énormément de justesse et d'intelligence.
La bande son est magnifique. Des airs lancinants et envoûtants, mêlés à des mélodies mélancoliques. Le film jouant énormément sur les non-dits entre les personnages dans ses moments de calme, la musique n'en est que sublimée. Les compositions de David Wingo (déjà a l'œuvre sur MUD, et récemment entendu sur Maggie avec Arnold Schwarzenegger) sont vraiment très bonnes. Elles restent à l'esprit des heures durant après avoir vu le film.
Les acteurs sont tous exceptionnels. Michael Shannon est fabuleux. Il incarne ici un père déterminé, qui est tantôt fascinant dans son humanité et sa fragilité, tantôt impressionnant dans sa détermination et sa foi inébranlable en son fils. Une prestation qui aurait mérité d'être récompensée. Kirsten Dunst est également superbe. Elle interprète une mère désabusée, perdue mais toujours volontaire et d'une sincérité troublante. Elle n'as quasiment aucun maquillage, et son jeu est absolument sans fautes. Sans doutes l'une de ses meilleures prestations depuis des années. Joel Edgerton est lui aussi saisissant. Plus son personnage se découvre, plus il est attachant et l'on a de l'empathie pour lui. Et bien sûr, la révélation de ce long-métrage, le jeune Jaeden Libierher. Ce garçon joue avec une justesse incroyable. Il a définitivement un avenir prometteur au cinéma. Le reste du cast est tout aussi bon, avec un Adam Driver correct, un Sam Shepard (Les Brasiers de la colère, Blackthorn, Brothers, MUD, etc...) toujours aussi captivant et pas mal d'autres têtes plus ou moins connues du petit écran.
Bref, Midnight Spécial est une réussite. Un vrai divertissement intelligent. Un film de genre qui mérite les éloges que la presse lui attribue. Il m'as chamboulé. C'est ce genre de films qui vous rappelle pourquoi vous aimez le cinéma. C'est de la science-fiction intelligente, sincère et inspirée. Définitivement mon coup de coeur de ce début d'année 2016. Tous les amateurs de science-fiction devrait adorer. A voir absolument.

Il y a des films qui mettent du temps à me convaincre et il y en a d’autres, comme ce « Midnight Special » qui, dès leur introduction, parviennent à capter mon attention immédiatement. Franchement, rien que la mise en intrigue est à elle toute seule impeccable. Pour qui aime aller au cinéma sans rien savoir du film qu’il va voir, l’effet est radical. Une situation très simple est posée immédiatement, mais chaque minute qui s’égraine apporte une nouvelle information qui vient nous faire comprendre que, non, décidément non, la situation qu’on croit avoir saisit doit certainement être plus complexe et étrange que ça. Et pour le coup – chapeau ! – parce que l’air de rien, ce « Midnight Special » cultive vraiment une belle science du mystère, sachant jouer de la sobriété, de l’hors-champ, du pouvoir du non-dit. Et dans cet exercice de séduction et d’addiction étranges, la réalisation joue vraiment sa part. C’est beau, c’est propre, c’est maîtrisé. Et si je suis moyennement fan du rendu des effets numériques (qui ont malgré tout le mérite d’être rare), je trouve par contre que le travail apporté sur le son et surtout sur la musique sont particulièrement réussis. Après, je l’avoue, j’ai quand même un gros regret par rapport à la progression du film, c’est que plus le film avance et plus l’effet séduisant de mystère se désépaissit. Alors certes, vous allez me dire que c’est inhérent à tout film qui se base sur un mystère, ce qui n’est pas totalement faux. Mais d’un autre côté, je pense à des films comme « The Box » qui avaient réussi à continuer d’alimenter le mystère et mon imagination, malgré le fait que l’intrigue commençait à devenir limpide pour le spectateur. Pour le coup, « Midnight Special » ne cache peut-être pas un univers suffisamment « special » pour me laisser jusqu’au bout sur mon petit nuage. Au fond, j’ai eu l’impression de revivre une redite de « Rencontre du troisième type » mais sans ce final pleinement fascinant et rêveur sur les perspectives qu’il ouvrait. Dommage pour ce point là donc… Mais bon, malgré tout, je ne boude pas pour autant mon plaisir. Je ne me suis ennuyé, j’ai été séduit, je suis ressorti de là satisfait à défaut d'être totalement séduit. Pour moi qui n'avait jamais pu encadrer jusqu'à présent le cinéma de Jeff Nichols, c'est déjà un grand pas...

L'ambition - originale - de Jeff Nichols est donc cette fois de récréer une fiction SF seventies avec sa sensibilité "indie", d'appliquer à ce que l'on pourrait qualifier de "blockbuster" les règles éthiques et esthétique d'un cinéma beaucoup plus personnel. Voici donc avec "Midnight Special" un autre prototype de cinéma "mutant" (un peu comme "Looper"), où un cinéaste doué et singulier immerge une histoire un peu paresseusement décalquée de "Starman" (Carpenter) et "Rencontres du 3ème Type" (Spielberg) dans son univers "deep south" et dans ses problématiques des rapports père-fils. Le spectateur y gagne le sentiment aimable d'intelligence, principalement du fait d'ellipses audacieuses dans la narration et de véritables trous dans l'interprétation de ce qu'il voit sur l'écran, sans pour autant y perdre un délicieux sentiment de suspense et de tension. Car finalement, ce qui importe dans "Midnight Special", c'est cette incessante fuite éperdue dans la nuit noire (sans phares, donc...) devant des forces hostiles, secte religieuse ou gouvernement fascisant. Pour le reste, il faut avouer que Nichols foire sa fin, abandonnant trop tôt un pan de son récit (la secte, donc), et choisissant, comme Spielberg, de trop en montrer, au risque du ridicule. Au delà de cette déception, on peut quand même se demander si cette greffe de deux formes de cinéma est vraiment féconde, même si le petit plaisir procuré au spectateur a été indéniable. Affaire à suivre...

Beau, simple, bien interprété et d'une grande humilité. Un excellent film de science-fiction très prenant.

"Midnight special", le dernier film de Jeff Nichols était très attendu. Le réalisateur revient sur le thème de la paternité qui lui est cher et qu'il a déjà visité dans "take shelter". Cette fois, le scénario repose sur la fuite d'un homme et de son fils, celui ci étant doté de pouvoirs surnaturels. Poursuivis par une secte qui le considère comme le messie et le FBI, l'étau se ressert autour des fuyards...

Le film rappelle clairement le cinéma de Spielberg (période "rencontres du troisième type"). Le film se regarde sans déplaisir mais, pour autant, il ne m'a pas passionné. Le "road movie" est bien filmé, les acteurs sont bons, notamment Michael Shannon, véritablement habité et investi dans sa mission de "père courage", protecteur d'un fils qui, semble t-il, est promis à un destin exceptionnel.

La bande originale signée David Wingo est réussie et n'est pas sans rappeler l'univers électronique de John Carpenter.

Passé du circuit indépendant à une major comme la Warner, le cinéma de Jeff Nichols est aujourd'hui plus grand public mais demeure dans ligne de ses précédents films.

Jusqu'ici, le cinéma de Jeff Nichols nous avait laissé de marbre avec un Take Shelter au concept à la fois foireux et risque et Un Mud oubliable. Aujourd'hui, celui que l'on considère comme In des grands noms du cine Inde américain revient avec son film sans nul le plus accessible et le plus médiatisé. Midnight spécial, rend donc un vibrant hommage au cinéma fin 70's de Spielberg façon ET ou rencontres du troisième type, comme l'avait fait JJ Abraham avec le touchant super 8. Il s'agit donc d'une course poursuite entre un père et son fils (ce dernier est doté de pouvoirs étranges qui l'obligent à porter des lunettes de plongée le jour) et le FBI à leur trousses. Autant le dire tout de suite, toutes les réponses ne se trouveront pas au bout de cette fuite en avant. Qu'importe, pour Nichols ce n'est pas la destination qui compte mais le voyage. Mis en scène avec maestria (c'est aussi le cas de la photo), le film malgré un rythme extrêmement lent accroche le spectateur de bout en bout grâce à de très bons acteurs (Michael Shannon excellent à son habitude, Adam Driver est un hommage au Truffaut de Rencontres du 3eme type...) et quelques séquences qui fonctionnent parfaitement (la pluie de météorites est le moment de bravoure du film). Assez déroutant, Midnight Spécial quitte vite sa condition de film SF (dénué de vaisseaux spatiaux et d'invasion extraterrestre) pour se transformer en fable sur la paternité marqué par la famille formé par Shannon, Dunst et l'excellent Liebeher. Si l'on doit néanmoins reconnaître un bémol au film, c'est sans doute à cause d'un scénario qui au bout d'une heure ne sait plus à quel saint se vouer et part dans tous les sens. En résulte les scènes d'actions (les seuls qui insufflent un vrai rythme au film) ne sont pas assez développés et souffrent d'une véritable manque de conclusion (elles sont trop courtes ou mal amenés) ce qui amène à un fin façon tract école qui n'est pas sans rappeler le très drôle "Prédictions ", apologie à peine cachée de la scientologie. Bref Midnight Spécial s'en tire avec les honneurs et malgré son scénario bancal reste un honnête beau Road movie SF.

Jeff Nichols transpose son style si particulier à la science fiction en nous plongeant dans une intrigue envoutante à la croisée de "Rencontre du 3ème type" et dans une moindre mesure de "E.T.", de belles références spielbergiennes en somme. Comme à son habitude, il nous impose un faux rythme mais émaillé de beaux moments de tension et de quelques scènes assez spectaculaires. La réalisation est à la hauteur avec des effets spéciaux sobres au début mais surprenants avant de devenir tout à fait saisissants sur la fin. Michael Shannon est une nouvelle fois à créditer d'une superbe performance, tout en retenu et on se rend compte qu' Adam Driver est définitivement un bon acteur, Star Wars VII représentant surtout une erreur de casting à mon sens, Joël Edgerton est intéressant également tout comme Kirsten Dunst mais c'est surtout le jeune Jaeden Lieberher qui s'avère surprenant. Une oeuvre une nouvelle fois à part pour Nichols qui en laissera sans doute certains sur le bas-côté avec sa mise en scène épurée et son rythme lent mais qui aura rempli le contrat dans un genre nouveau pour lui. Un peu trop lent parfois certes mais un bon moment de ciné une nouvelle fois.