Mais que se passe-t-il à Hollywood en ce moment ? C’est quoi cette mode des héros mystérieux badass qui flingue à tout va ? Il y a 15 jours on avait eu droit au très bon "Equalizer" et il y a 2 jours à peine que je sors de la séance du tout aussi bon "The November Man" !! Remarquez, s’ils sont tous aussi bon, je ne vais pas bouder mon plaisir du genre, mais j’ai peur que si les producteurs continuent de les sortir au même moment, on finisse par faire overdose : hey les gars, y’a 365 jours dans l’année !! Revenons à notre film : nous suivons John Wick, un homme qui vient perdre sa femme à cause d’une maladie incurable. Depuis ce sinistre évènement, il passe ses journées à entretenir sa Ford Mustang et à s’occuper du dernier cadeau de son épouse, une petite chienne. Un jour, alors qu’il prend de l’essence, un type lui demande combien il demande pour sa voiture ; John lui fait bien comprendre qu’elle n’est pas à vendre, ce qui n’est pas au goût de son interlocuteur. Le soir même, des hommes cagoulés entre chez John, le passe à tabac, tue sa chienne et vole sa Mustang. Dès lors, John n’a qu’une idée en tête : se venger…Simple, déjà vu, mais terriblement efficace, d’autant plus que les deux réalisateurs, même s’il s’agit ici de leur première réalisation, sont des cascadeurs de métiers (à eux deux, leur « palmarès » est impressionnant : "John Rambo", "V Pour Vendetta", "After Earth", les trois "Matrix", "300", "Constantine", "Time Out", "S.W.A.T. ", "Tron Legacy", "Ninja Assassin", "Dracula Untold", "Expendables 1&2"…), donc ils savent comment donner du rythme à l’action. Et de ce côté là, nous sommes trrrrooooop gâtés : entre gunfights puissants, courses-poursuites infernales, combats chorégraphiés impeccables et explosions de dingue ; nous en prenons plein les yeux avec une telle générosité dans le style du genre qu’on ne peut qu’être aux anges et en redemander encore !! John Wick est super badass et nous le prouve dès qu’il le peut. Donc, il s’agit d’une péloche ultra bourrine et décérébrée me diriez-vous…dans un sens oui, mais quand c’est bien fait pourquoi faire la moue ? Mais finalement, il y a autre chose dans "John Wick" : venant contrebalancer le côté hyper sombre et brutal du film, un certain humour pointe le bout de son nez, permettant ainsi une légère pause au spectateur avant de se reprendre une nouvelle dose d’action. Cet humour est particulièrement réussi car il est simple et subtil et se concentre autour d’une seule idée : dans la ville, TOUT le monde connaît et sait QUI est John Wick…sauf le mec qui lui a piqué sa bagnole (et par extension le spectateur), et ce concept amène tout simplement du comique de situation irrésistible (comme le père qui colle une rouste à son fils en lui demandant pourquoi, sur toutes les personnes habitant la ville, il a emmerdé John ;ou encore cette scène excellente où un flic vient voir John après qu’il se soit débarrassé d’agresseurs et lui demande s’il va bien et faire attention car les voisins ont porté plainte pour tapage !). Dans le genre sympathique et marrant, on peut aussi noter les « établissements du métier » (l'hôtel et le bar « Red Circle » où tout les assassins du coin peuvent se délasser sans risquer quoique ce soit : concept agréablement inattendu !). Ce mélange de cynisme et d’actioner fait tout le charme du film. Niveau casting, rien à redire à Keanu Reeves car son personnage ténébreux crève littéralement l’écran et il y a longtemps qu’il nous avait pas donné une aussi bonne prestation (c’est quand même bien meilleur que ce qu’il nous avait livré dans "47 Ronins" !). J’ai beaucoup apprécié le duo père/fils incarné par Michael Nyqvist qui a vraiment la trogne du mafieux russe et Alfie Allen qui semble apprécier les rôles de têtes à claques qui en prennent plein la tronche (l’effet « Game of Thrones » ?!). Autour d’eux gravite pas mal de seconds rôles sympathiques et charismatiques qui, même s’ils n’ont pas beaucoup de présence à l’écran pour certains, font très bien leur boulot (Ian McShane, John Leguizamo, Dean Winters, Adrienne Palicki, Lance Reddick) notamment l’éternelle gueule cassée qu’est Willem Dafoe. Totalement décomplexé, sans jamais se prendre au sérieux (c’est justement ce qui le met un cran au dessus de "The November Man") et ne se refusant aucune folie visuelle, "John Wick" est un excellent violent, dynamique mais surtout fun ; dans la droite lignée de tous ces polars hard boiled dont John Woo est l’un des meilleurs représentants. Enjoy it !!!