La genèse du film est à chercher du côté de Jacky Lambert qui joue le rôle du chanteur Jipé. Le comédien a été membre de plusieurs groupes de punk-garage et les réalisateurs ont souvent été le voir en concert. Séduits par l'ambiance qui y régnait et notamment l'insouciance des quadragénaires et quinquagénaires, les deux hommes ont décidé de développer une idée de film à partir de cette trame-là.
Je suis mort mais j'ai des amis est le deuxième film des frères Guillaume et Stéphane Malandrin après Où est la main de l'homme sans tête en 2009. Pour leur deuxième essai, les réalisateurs proposent cette fois-ci une comédie après un premier long-métrage qui lorgnait davantage vers le thriller.
Les acteurs Bouli Lanners et Wim Willaert étaient les premiers et uniques choix des deux réalisateurs qui les avaient en tête et ce dès le premier jour d'écriture du film. Il s'agissait de donner à ces deux comédiens très connus en Belgique, des rôles qui seraient taillés sur-mesure.
Je suis mort mais j'ai des amis a connu quelques difficultés notamment quant à sa production. Guillaume Malandrin revient sur les mésaventures qu'il a connues lui et son frère : "On a eu de très grosses déconvenues sur le film. Côté français, on n'a eu aucune chaîne française, ni Canal, ni Arte, ni France Télévisions, ni M6, ni aucune chaîne du câble, et ni le CNC... Pourtant nos coproducteurs français TS Productions se sont vraiment pliés en 12 sur le film, mais bon, le marché est très violent. Côté canadien, on a dû renoncer à l'argent de la Sodec tellement il coûtait cher à la production. Et côté belge, on n'a pas eu l'aide de Wallimage parce que notre budget ne correspondait plus au budget annoncé."
Comme bien souvent dans le cinéma belge, l'intrigue du film repose sur une idée et des personnages plutôt déjantés échappant à toute norme possible et imaginable. Ainsi, le personnage de Dany joué par Lyes Salem, le militaire moustachu se révélant être l'amant du personnage mort en début de film est désigné ici comme un homme "homosexuel, militaire et arabe"... Ce qui a légèrement fait tiquer l'un des membres de la Commission de Sélection des Films en Belgique lorsque les réalisateurs ont soumis leur projet et à qui on a demandé de retirer un trait de caractère à ce personnage haut en couleur. Sûrs de leur effet, les deux frères n'ont pourtant rien changé à leur idée de départ, donnant ainsi une originalité supplémentaire à leur film.
Le film fut tourné en grande partie à Schefferville, petite bourgade canadienne située tout de même à 1420 kilomètres de Montréal. Un endroit reculé qui correspondait parfaitement à l'ambiance dont les réalisateurs voulaient pour leurs personnages. Stéphane Malandrin déclare : "On voulait prendre nos personnages et les passer à la machine à laver, bouton d'essorage réglé sur 1600 tours/minute. On avait envie de les voir tous perdre leurs repères, toutes leurs certitudes, provoquer en eux le plus grand voyage possible, mental et physique. Marie-Renée André, la femme que le personnage que joue Bouli Lanners rencontre dans le train, en Amérique du Nord, incarne ce voyage et cet effet "essorage".
En deux films, Guillaume et Stéphane Malandrin ont développé des thèmes récurrents même si leurs deux longs-métrages sont assez différents, l'un par rapport à l'autre. Guillaume Malandrin, à propos de la thématique de Je ne suis ps mort mais j'ai des amis, déclare ceci : " En fait si vous y regardez de plus près, c'est la même thématique que dans Où est la main de l'homme sans tête : le personnage principal refuse de regarder la réalité en face. Le film l'entraîne dans un labyrinthe qui l'oblige à ouvrir les yeux. Sauf qu'ici le labyrinthe est comique."