La mère et la soeur du réalisateur sont actrices et jouent dans Carmina !. Elles se sont lancées dans cette voie après que Paco León ait commencé à jouer dans des films. Il confie : "Ce n’est que plus tard, étant déjà connu comme acteur, que ma soeur a voulu tenter sa chance dans ce milieu. Elle s’est très rapidement imposée avec le film La Voix Dormante, et a reçu pour son interprétation le prix Concha de Plata à San Sebastián, le Goya... pour ne citer que ceux-là. Puis nous avons « découvert » le talent de ma mère dans le premier film de Carmina !. Elle n’avait jamais tourné auparavant, et c’est à 58 ans qu’elle a trouvé sa vocation ! À présent, elle est une star en Espagne."
Si Paco León reconnaît être influencé par le cinéma italien des années 70-80 (Dino Risi, Ettore Scola, etc.) qu'il admire, le metteur en scène avoue puiser ses références cinématographiques davantage dans la réalité.
Paco León n'a pas cherché à faire un film social pointant du doigt les dysfonctionnements inhérents à la société espagnole. Il s'agit davantage d'un portrait d'une sorte d’héroïne contemporaine inspirée et interprétée par sa mère. Et c'est au sein de ce portrait que se sont presque inévitablement glissés des éléments caractérisant le contexte social en Espagne, comme la crise, l'immigration, la monarchie, etc.
Au cours du film, les personnages les plus disparates et insolites se succèdent à une vitesse vertigineuse... Là encore, Paco León a puisé son inspiration dans la réalité : "Tous les protagonistes et ce qu’ils racontent sont une reproduction très fidèle de personnes qui existent. Aussi bien la prétendue amie de la reine Sofia, que les anecdotes sur le téléphone rose, tout est strictement véridique ! Parfois, la réalité est très surréaliste."
A 41 ans en 2016, Paco León est à la fois acteur, scénariste, producteur, réalisateur et est comparé à Pedro Almodovar en Espagne. "La comparaison me flatte, car je l’admire profondément. Soit dit au passage, il a beaucoup aimé Carmina, et cela est un immense honneur. Quant à la polyvalence, elle est primordiale pour moi car je me lasse vite de moi-même, et j’adore aborder constamment de nouvelles choses, et ne pas me reposer sur ce qui a bien marché", reconnaît Paco León.
Carmina, interprétée par María León qui est la mère de Paco León, est une matrone rusée, cynique, affectueuse, drôle mais en plus manipulatrice et qui a un droit de vie et de mort pour protéger sa famille... Le metteur en scène explique au sujet de ce personnage « qui porte la culotte » :
"« Parle de ton peuple et tu raconteras le Monde » disait le sage. J’ajouterais : « Parle de ta mère et tu raconteras toutes les mères du Monde ». Je crois que chaque mère peut être le sujet d’un film. Oui, pour moi, Carmina est une gardienne redoutable et féroce, capable de tout pour défendre les siens. Il existe des Carmina partout, des Carmina en Colombie, en Italie, en Russie... Pour avoir projeté le film en Amérique latine, en Australie, au Canada et au Royaume-Uni, je peux vous dire que le personnage est vraiment compris par tous. L’humour de base fonctionne de la même manière et paraît simplement plus exotique selon les endroits. Plus le portrait est précis, plus sa portée est universelle."