Arrivé avec un buzz fort positif depuis le dernier festival de Cannes, le film a indéniablement de quoi séduire. D’abord avec le principe du film à sketch qui joue parfaitement sur les avantages de l’exercice : les segments sont courts, rapides, denses, qui ne laissent pas une seconde de répit. Idéal pour un public zappeur qui voit défiler des situations familières de la vie, ces moments de stress ou d’injustice, où l’envie de tout casser monte intérieurement, et où l’on se retient.
Sauf parfois…
Ce moment où le quidam, broyé par une machine qui le dépasse (l’état, la famille, ..), se révolte dans une explosion à la fois jouissive et destructrice. C’est un PV de trop, un dépassement sauvage, un mariage gâché, un drame nocturne.
De durées et de contenu très hétérogènes, les sketchs sont plutôt équilibrés, ce qui donne de la constance à un film souvent très malin. A chaque tournant où l’on se dit que c’est exagéré, il retombe sur ces pattes, dans un virage serré mais jamais artificiel. Que ce soit dans cet avion au départ, quand un notable se met à refuser des pots de vin, ou quand des mariés se tombent dans les bras, il y a souvent une surprise au bout du chemin, ce qui redonne une épaisse couche de charme à un film qui n’en manque décidemment pas.
Après, on peut toujours se poser la question de l’intérêt de cette violence surjouée, au-delà de l’effet libérateur un peu primaire.
N’est-ce pas un peu facile de laisser partir en roue libre des protagonistes dont le pétage de plomb sera forcément un grand spectacle ?
Se poser la question, c’est déjà un peu y répondre, mais l’efficacité et l’inventivité incontestable de cet OVNI devrait lui assurer un gros succès partout où il passe. Et au-delà de l’aspect burlesque, certains segments tentent quand même d’apporter une forme de morale. Arrêter de subir : oui,. Avec de l’artillerie lourde : oui. Mais avec certaines limites.
Et on a le droit d’être d’accord.