3 ans après l'excellent "8 fois debout", Xabi Molia réalise une nouvelle histoire de son cru, au ton très personnel. "Les Conquérants", ce sont, par antiphrase, deux "losers", qui n'ont de "conquérant" que le prénom, a priori : l'aîné des deux frères consanguins (qui avaient le même père, un aventurier nommé Joseph Tadoussac) s'appelle en effet "Galaad" (fils de Lancelot, le plus jeune des chevaliers de la Table Ronde), le cadet s'appelant lui Noé ! Ces quasi quinqua pour l'un, et quasi quadra pour l'autre, ont une vie médiocre (respectivement comédien aigri pour théâtre de MJC, et entraîneur de foot d'une équipe de CFA, détesté par ses joueurs). Galaad est persuadé d'avoir hérité, comme son demi-frère, d'une malédiction qui vient de causer, en point d'orgue, la mort de leur père. Ils vont devoir s'appliquer à faire cesser le mauvais sort qui les frappe. Les deux hommes vont partir, non pas à la conquête du Graal, mais à la conquête de leur liberté, laquelle passe par le retour du Graal dans sa cachette. Démarche originale, nécessitant un cambriolage, puis un voyage initiatique autant que drolatique dans les Pyrénées, avec rencontres diverses, voire étonnantes, dont un cheval ailé et un ours bagarreur, sur les pas des Croisés qui avaient dissimulé la précieuse relique dans une grotte mystérieuse.
Denis Podalydès est à nouveau de l'aventure, comme dans "8 fois debout" - parfait comme toujours (qui plus est dans un personnage sur mesure, n'arrivant plus à réaliser le fameux "paradoxe" du comédien). Mathieu Demy lui donne avec talent la réplique, en sportif déphasé. Tous les deux dans la fragilité et l'auto-dérision, en anti Indiana Jones. Aucun spectaculaire, mais de l'imagination, de l'humour, de la poésie, de la fantaisie (et la beauté du Pays basque en prime).