Traduisez, j'ai mal à l'œil.
En voilà un film aussi imparfait qu'intéressant. Un film au titre aussi incompréhensible qu'un ballet d'étourneaux en pleine murmuration et à l'affiche, qui dans un iris, nous susurre à l'oreille la naissance d'un nouveau monde.
I Origins s'articule autour d'un amoureux des yeux. Le Docteur Ian Gray sous les traits de Michael Pitt, en mange à toutes les sauces. Il les étudie, les photographie, et espère un jour amener à la science une découverte majeure qui viendra bouleverser croyances, religions et superstitions. Et comme les opposés s'attirent (puis se rendent finalement compte de leur incompatibilité), il tombe amoureux de la plus spirituelle des mannequins détail.
Il est vrai que l'œil est en soit fascinant, dans ce qu'il permet bien sûr, mais aussi dans ce que les cultures lui confèrent, dans son fonctionnement, dans sa complexité et dans sa symbolique. On peut d'ailleurs se demander pourquoi il n'avait pas été mis en avant de la sorte jusqu'à maintenant alors que la vue, elle, ou plutôt son absence, a toujours été un vecteur d'histoire plus ou moins réussies, de Blink, aussi loin que je puisse remonter dans ma filmographie, en passant par Blindness, Le Village, ... la liste est longue.
C'est donc ce qui est séduisant ici au premier abord et qui heureusement sera le fer de lance du film. Malgré quelques imperfections, le réalisateur Mike Cahill réussira sans cesse à nous surprendre dans le déroulement du récit avec une succession d'évènements tout aussi improbables qu'appréciables. En démarrant cette pellicule, rien ne nous permet d'anticiper la fin et pourtant, chemin faisant, les actes et leurs conséquences deviennent de plus en plus prévisibles.
Une histoire qui se découvre étape par étape et qui brasse finalement large, de la romance fraiche et clichée, berceau d'un propos visant à opposer sans cesse, avec vulgarisation, stéréotypes et une pointe de science-fiction, la science et la religion.
I Origins a ses défauts, certes, mais on s'en accommode car l'ensemble réussit à garder un équilibre permanent entre imprévus et déjà-vu. Un film qui se laisse apprécier grâce à son angle d'approche original visant à confronter rationalité et mysticisme.