Des crimes de Snowtown à la littérature classique, Justin Kurzel, à défaut de satisfaire tout le monde, démontre tout du moins un savoir-faire technique impeccable, bon point pour rassurer le tout public en ce qui concerne sa future adaptation de l’univers d’Assassin’s Creed. Voilà donc que le jeune cinéaste s’attaque, il faut en avoir le courage, à l’un des mythes signés William Shakespeare, MacBeth, embarquant avec lui dans l’aventure le monstrueux Michael Fassbender et l’actrice française la plus en vogue en terre anglo-saxonne, Marion Cotillard. Le résultat, si comme de bien entendu, laissera sur le carreau une grande majorité du public contemporain, n’en demeure pas moins convaincant. On avoue certes que MacBeth est un film exigeant, nécessitant quelques déconnexions et reconnexions pour s’imprégner de son verbiage, de sa philosophie. On avoue aussi qu’en de multiples occasions, nous étions tentés de laisser tomber. Mais cela, s’était sans compter sur la beauté des images et les talents indiscutables des comédiens, du roi éponyme en tête.
Oui, le tout est nuancé. Pour ma part, ce type de littérature me passe trois kilomètres au-dessus de la tête. Mais ce n’est donc pas pour autant que je ne tente pas le coup dans ses adaptations sur le grand-écran. Et je n’ai ici pas perdu de mon temps, pour maintes raison qui n’ont pas toutes à voir avec le récit, le scénario. On nous parle ici de cupidité, d’ambitions exubérantes, comment cela détruit l’humanité de celui qui tombe dans ses limbes. On pourrait sans doute lire ce récit d’antan par le biais de prismes aussi variés qu’insolites, mais j’avoue n’avoir pas pris ce chemin durant le visionnage. La qualité visuelle du film et le charisme d’un bon nombre d’acteurs m’ont suffi à me satisfaire de cette curieuse fable.
S’il est une chose de sûre, à propos de MacBeth, c’est bien qu’en dépit d’un scénario vaseux, narré sur un ton hautain, poétique et philosophique, à chacun son truc, c’est que le film est une vitrine de beautés en tous genre. L’Ecosse brumeuse, par Justin Kurzel, est formidablement belle, diablement ensorcelante. La structure des plans, larges ou resserrés, est à tous les coups parfaite, le film, dans son ensemble, constituant une véritable démonstration artistique. Des paysages austères à cette bataille finale, au teint rougeâtre, les flammes se déchaînant en contrechamps, tout tend à prouver qu’il faudra compter sur Justin Kurzel à l’avenir. Au passage, avouons que les images fonctionnent notamment du fait d’un très gros travail des costumiers, des décorateurs et autres producteurs exécutifs. Il serait même un peu surprenant de découvrir les frères Weinstein derrière tout ça, et pourtant.
Les acteurs, j’en reviens à Michael Fassbender et Marion Cotillard, ils sont tous deux formidables. Le succès, chez ceux qui veulent bien voir MacBeth comme un succès, en revient pour une bonne part aux comédiens, Fassbender surtout, dont on ne finirait pas de vanter les mérites, ici. On ressort de la séance un peu déboussolé, conscient que le film n’était pas vraiment celui que l’on attendait, mais certain des talents de ceux qui s’y produisent et une fois encore, rassurer quant au potentiel de la prochaine collaboration entre Kurzel et Fassbender qui sera, elle, nettement plus commerciale. Enfin, pour terminer, pour une adaptation de William Shakespeare, ce MacBeth est une réussite. Reste à vouloir voir un tel film. 14/20