Qu'est-ce que je l'attendais celui-là ! "Macbeth" avait tout pour ma plaire : une affiche alléchante, un casting très satisfaisant et une bande annonce énergique et très prenante. Cependant, le résultat ne fut pas exactement ce à quoi j'espérais.
Nouvelle adaptation de Shakespeare après les passages de Welles et Polanski, "Macbeth" est un film sur le pouvoir et l'ambition de l'Homme, et la folie. Justin Kurzel signe une fresque d'une ampleur ahurissante, mise en scène avec une esthétique incroyable. L'ambiance qui se dégage est lourde et très lente, et accompagnée par une belle bande sonore.
Si je peux citer de nombreuses qualités comme je le ferais tout à l'heure, les défauts ne sont néanmoins pas absents. L'histoire, le texte de W. Shakespeare reprit bout par bout, est un problème à l'immersion totale du long-métrage. Si certaines séquences sont d'une intensité remarquable, d'autres trainent en longueurs et lenteurs. Les évènements mis en scène sont présentés d'un œil dramaturgique, offrant une perspective reculée, au lieu de plonger les spectateurs directement dans le récit. Les répliques ne sont pas modernisées, et cela rajoute un aspect d'autant plus lointain et déroutant pour nous (sachant que le film se déroule au 11e siècle). Malgré cette époque poisseuse et rude, les décors sont magnifiques et la photographie somptueuse. Les plaines aux teintes vertes et bleutées, le soleil rouge et orange qui illumine ses antagonistes, et les bâtiments froids et gris renfermant la folie de la couronne, nous éblouissent tout le long du déroulement. Le metteur en scène nous livre un travail de très grande qualité ; avec des plans superbes et une réalisation efficace et lancinante. Certaines scènes envoutantes nous coupent le souffle, comme par exemple celle des toutes premières minutes. Les ralentis, faits image par image, sont d'une fluidité extrême. Que dire de plus que toute la dimension graphique est parfaitement gérée ? Rien. Ensuite que vaut le jeu des comédiens dont leurs rôles sont très bien écrits ? Et bien malgré leurs répliques non-modifiées, ils sont tout à fait crédibles. Michael Fassbender ("12 Years a Slave") est splendide. Il nous offre une interprétation impeccable en ce guerrier avide de pouvoir, torturé et détestable. Sombrant dans la folie la plus sombre, il incarne véritablement son personnage. La descente aux enfers de Macbeth se fait réussie, tant la réalisation cadre certaines scènes avec des plans singuliers, parfois enfantine avec le regard perdu de Fassbender, ou imposantes. Marion Cotillard ("Inception") est elle aussi très convaincante cette fois-ci. Méprisable au début, touchante par la fin, son personnage de Lady Macbeth lui va très bien. Pour le reste du casting, David Thewlis ("Régression") est toujours aussi bon et attendrissant, Sean Harris est très convaincant, à l'instar de Paddy Considine et Elizabeth Debicki. Chacun trouve sa place en arrière du duo principal, sombrant dans les ténèbres. A travers le texte initial Justin Kurzel s'interroge sur la Violence de l'humanité. Qu'est-ce qui fait de nous des hommes ? Peut-on ressortir du cercle violent que l'on a engendré ? De véritables thèmes qui restent inexplicables au fil des temps. Les symboliques visuelles sont très nombreuses, aidées principalement par les décors et filtres colorés, accompagnant les gestes déchus des héros de guerre. Les prophéties oniriques des les sorcières ; les banquets festifs où les soldats rient ; puis les monologues contemplatifs des personnages ; enchaînant ensuite avec des séquences éprouvantes et dynamiques ; bref le rythme de cette œuvre est très varié et bancal mais le travail du réalisateur offre une dimension littéraire très convaincante. Les émotions sont présentes et se révèlent parfois fortes à cause de l'immoralité de certains actes. La musique, orchestrée par Jed Kurzel, accentue le réalisme et la vanité de Macbeth, offrant aussi son dose de belles compositions à part.
Ce spectacle d'une inventivité spectaculaire et onirique est donc un film réussi en soi, mais qui par sa lenteur scénaristique dû à la fidélité de la pièce, pourra décevoir certains. J'attend maintenant l'adaptation cinématographique d'"Assassin's Creed", qui réunit la même équipe de choc.