Magical girl, le titre original, de ce deuxième long-métrage de Carlos Vermut sort sur les écrans sous le titre La Niña de fuego, chanson éponyme d'un ancien chanteur de flamenco, Manolo Caracol. Pour le réalisateur l'idée est venue avec "Une découverte d'une version moderne de Pony Bravo". Le titre original faisait référence aux personnages de mangas et correspondait parfaitement au thème du film. Tout au long ce long métrage le réalisateur ne cache pas son attrait pour le cinéma japonais.
Si la construction du scénario reste très inventive, sans être toutefois d'une extrême complexité, elle n'en demande pas moins une attention particulière pour tenter de trouver, ou pas, les liens qui unissent les principaux protagonistes. Jusqu'à la dernière pièce manquante d'un puzzle géant.
Il est question de la crise en Espagne, avec entre autres, la vente de livres dont le poids fait la valeur au détriment du contenu. L'anéantissement de tout un système éducatif.
La photographie blafarde et les décors minimalistes accentuent une impression de froideur implacable. La caméra s'attarde à peine sur des lieux de vie impersonnels. La réalisation de Carlos Vermut, récompensée aux derniers Goya, ne manque pas d'effets, avec entre autres de nombreuses ellipses particulièrement réussies. "Un sens hors du commun" selon Pedro Almodóvar.
Dans l'une des dernières scènes, l'un des principaux protagonistes enfilera chemise, cravate, et costume de ville avec la méticulosité d'un toréador. "L’Espagne est un pays où le conflit entre le rationnel et l’émotif n’est pas encore complètement résolu, d’où la fascination pour le portrait de la lutte entre l’instinct et la raison qui a lieu dans les arènes" a déclaré le réalisateur.
Dans un casting restreint, Luis Bermejo, Israel Elejalde et José Sacristán sont tous trois excellents. La très belle et convaincante Bárbara Lennie a, quant à elle, reçu le Goya de la meilleure actrice. Une autre récompense et non des moindres pour ce film, le prix du Jury Jeune au Festival du Cinéma Espagnol de Nantes.
La première sensation ressentie à la sortie de la salle est d'avoir vu un film d'un genre tout nouveau, à nul autre pareil. Je reste à la fois fasciné, asphyxié et tout a fait convaincu. Un film qu'il est difficile de conseiller, mais un très grand moment de cinéma en ce qui me concerne.