"Renaissances" porte sur un sujet pas très nouveau au cinéma, mais pas pour autant traité si souvent que ça : celui de la vie éternelle, un rêve auquel un certain nombre de personnes a songé secrètement, d’autres de façon plus retentissante. Pourtant cela pose un sacré problème d’éthique, puisque c’est contrecarrer le fonctionnement même de la nature telle qu’elle a été créée. En tout cas c’est le genre de rêve fou accessible uniquement aux gens les plus fortunés, constat aussitôt exploité par le scénario sans toutefois s’attarder sur le coût prohibitif de l’opération, précision somme toute accessoire dans cette fiction. Se posent ensuite les questions des moyens mis en œuvre et de l’opacité qui règnent quant à la réalisation de ce rêve. A cela viennent se rajouter les problèmes de la légalité et de la redéfinition des limites. Pour parler de tout cela, le focus est centré sur un magnat de l’immobilier, j’ai nommé Damian, incarné par un Ben Kingsley toujours aussi charismatique, un richissime homme d’affaires empêtré dans les plus grands regrets de sa vie alors qu’il se sait condamné à une très prochaine échéance par une maladie particulièrement agressive. Et c’est Ryan Reynolds qui a la lourde tâche de succéder à celui qui évolue tristement dans un décor aussi fastueux qu’indécent. Et ma foi, il y parvient de façon convaincante en montrant un jeu similaire à celui de Ben Kingsley aux moments opportuns, par cette prestance un peu raide qui lui confère un comportement un tantinet psychorigide. Sans être exceptionnel, "Renaissances" réussit le pari d’intéresser le spectateur jusqu’au clap de fin, une prouesse de la part d’un film qui ne réserve pas vraiment de surprises. Pourtant, le spectateur se voit gratifié de quelques rebondissements, mais ils sont émoussés d’entrée par le titre décliné au pluriel. Donc, dès que le spectateur a connaissance de ce dont il s’agit, il s’attend à ce qu’il y ait d’autres « renaissances ». Reste à déterminer de qui. Cependant si son attention est captivée, c’est parce que le scénario s’enrichit d’une quête d’identité. Ce n’est pas tout. Une vraie réflexion quant à la « renaissance » est proposée, tout en appelant à se méfier des gens qui prétendent avoir toutes les réponses. En parlant d’Albright, Matthew Goode campe à merveille ce genre de personnages absolument sûrs de leur science : son charisme sert à camper avec beaucoup d’aplomb l’assurance de son personnage, une assurance à la fois rassurante et effrayante. Mon commentaire pourrait s’arrêter là, seulement il y a autre chose qui contribue à capter toute l’attention du spectateur : c’est le contraste apporté par les personnalités propres à Damian et Eddy, pour le coup très différentes, pour ne pas dire opposées. Ce contraste est rendu plus saisissant encore par la bonne maîtrise du rythme, lequel alterne efficacement l’action avec des moments plus propices à la réflexion et au bilan dressé par les personnages, tout en ayant réussi à laisser l’intensité monter crescendo. Assurément un bon film où la morale est finalement sauve.