Le petit malin derrière le succès de Scubbs, auteur de l'estimé Garden State, Zach Braff revient aux affaires avec Le rôle de ma vie, métrage sensiblement similaire à son précédent. Il est une nouvelle fois question d’orientation, d’émancipation et de rédemption. Mais suffit-il à des personnages, à un film, d’être touchant pour satisfaire les masses? Rien n’est moins sûr. L’acteur et cinéaste nous plonge cette fois-ci au cœur de la vie d’une famille californienne, de confession juive. Un mari aimant mais épris de liberté, des enfants brillants auxquels ont inculquent les valeurs du judaïsme, une mère travailleuse qui subvient aux besoins de sa famille, un père mourant et un frère geek passablement renfermé. Voilà l’univers de notre bonhomme, incarné, c’est logique, par Zach Braff lui-même, grand rêveur devant l’éternel, grand enfant dans une société sélective et dure avec les marginaux.
Le début de la fin pour le doyen de la famille entraîne une prise de conscience inattendue dans la famille. Voici l’histoire du rôle de ma vie, délicate immersion dans un marre emplie des valeurs familiales, de valeurs religieuse et d’une part de rêve américain. Mais tout cela possède-t-il suffisamment de substance pour ne pas ennuyer, pour ne pas s’endormir sur un petit nuage de bonne volonté? Zach Braff est vraisemblablement un individu poussé par sa sensibilité, son humanité. Quand bien même nous ne partageons pas tous sa vision des choses, son approche du mélodrame, très stylisée, amène une certaine admiration. D’un autre côté, son film pourra paraître niais, incapable de toucher d’une quelconque autre manière que de par sa bande-son inspirée, la sourire de ses protagonistes et sa bonne humeur, même dans la mort.
Le réalisateur ne récidive pas l’exploit qu’il accomplissait avec Garden State. Si selon moi, ce dernier était surestimé, le rôle de ma vie se situe en-dessous, aussi touchant mais nettement moins attractif. A de nombreuses reprises, l’intérêt du film vient de la malice des enfants, des gaffes du frangin ou des beaux discours de la mère, excellente est inattendue Kate Hudson. Zach Braff, pourtant personnage principal de son tableau, semble traverser, le baume au cœur, toute les épreuves, sorte de témoin passif des évènements qui le concerne. Le gaillard est un monument de sympathique, au sens propre, mais manque d’un certain charisme, incontestablement trop bienveillant pour modifier un tant sa peu toute mésaventure. Si cela était sans doute voulu, dans l’esprit du metteur en scène, il apparaît pourtant que son personnage est un archétype, une passive petite fourmi dans un monde grouillant de monstres.
Pour autant, l’émotion pointe quelques fois le bout de son nez, faisant momentanément oublié les difficultés de Zach Braff à vraiment captiver son public, d’abord américain. Sans mâcher les étapes, voici la saga familiale selon Braff, sorte de comédie populaire judéo-américaine, sensible, culturelle et un brin cynique. Reste que si le comédien et réalisateur attend plus de dix ans avant son prochain projet, on ne reparlera pas de sitôt du Rôle de ma vie, comédie noyée dans le tout-venant 2014 et qui ne fera pas date, malgré toutes les bonne intentions. 09/20