Presque dix ans après Garden State, Zach Braff réchauffe les ingrédients de son succès dans une marmite dégoulinante de restes sans grande saveur.Garden State avait presque créé un nouveau sous-genre de la comédie dramatique indé, dans lequel se sont engouffrés Sam Mendes (Away we go), Jason Reitman (Juno) et Marc Webb (500 days of Summer). Avec, pour dénominateurs communs, un casting soigné alliant acteurs issus de séries ou shows humoristiques (Zach Braff passant de Scrubs à Garden State, Michael Cera qui s’est illustré dans Arrested development avant d’apparaître dans Juno, John Krasinski de The Office et Maya Rudolph de SNL dans Away we go) et de films indés (Ellen Page vue dans Hard Candy avant Juno, Joseph Gordon-Levitt révélé dans Mysterious Skin bien avant 500 days of Summer), une BO rock-indé-mais-accessible (The Shins dans Garden State, Alexi Murdoch pour Away we go, The Kinks, The Velvet Underground ou Cat Power pour Juno, The Smiths et The Temper Trap dans 500 Days of Summer), des personnages issus de classe moyenne en plein questionnement existentiel, et un équilibrisme savant diffusé tout au long de ces longs-métrages grâce à une plume précise, à la fois drôle et sensible, et une réalisation audacieuse alliant rythme et plans purement contemplatifs.Dans son nouveau film, Zach Braff semble avoir souhaité reproduire à l’identique cette recette miracle. Non seulement l’intention n’est pas forcément louable, mais il a surtout échoué en tout point. Tout d’abord, et malgré des apparitions agréablement surprenantes en seconds (voire troisièmes) rôles, le casting est relativement plat. Toujours acteur principal, il s’entoure cette fois de Kate Hudson, qui aurait pu être une caution indé si elle n’avait pas tourné que dans des comédies romantiques aliénantes depuis Almost Famous, et de Mandy Patinkin, qui n’a jamais sorti une expression faciale crédible dans Homeland.Peu aidé par ses acteurs, Zach Braff avait pourtant envie de parler de beaucoup de choses : la transition à l’âge adulte, la religion, la réalisation de soi, l’éducation des enfants, l’aliénation par le travail, la mort d’un parent… Ces ambitions contribuent à diluer le propos, d’autant que l’écriture comme la réalisation, précises dans Garden State, sont ici très approximatives. En témoignent la dégradation de la charge émotionnelle du film comme de son volet humoristique, de plus en plus lourd malgré quelques excellentes idées.Enfin, la bande originale comporte certes de beaux morceaux (Bon Iver, The Shins) mais surtout de la musique grandiloquente et faussement libératrice que l’on a plutôt l’habitude de voir dans des comédies sentimentales cheap qui dépassent rarement le rayon d’influence de la télévision américaine. L’environnement musical semble ici être grossièrement utilisé pour masquer la faiblesse de l’écriture : en apparaissant à la fin de chaque scène, la bande originale n’accompagne pas le film, elle l’étouffe. Et c’est bien là la faiblesse du film : la sensibilité et la précision de Zach Braff ont été supplantées par une profusion de musiques, de thèmes à aborder, de blagues, de seconds rôles ou encore d’idées inégales de mises en scène.