La prisonnière du désert
Dès les premières images, on voit bien que le film est un western un peu différent. Un homme, Jon, est sur le quai, dans l’attente de l’entrée en gare du train. Une belle femme blonde et un garçonnet, blond également, en sortent. Il s’agit de sa femme et de son enfant qu’il n’a pas vus depuis 8 ans, ayant émigré du Danemark vers l’Amérique pour faire fortune, après avoir fait la guerre contre les allemands.
Dans cette première séquence, loin des plans larges sur les vastes prairies américaines, le réalisateur filme des plans serrés sur les visages plutôt souriants des personnages, une image bien peu représentative du genre western, dans une profusion de couleurs hyper saturées, qui n’évoquent en rien les grands maîtres du genre, comme John Ford. Et pourtant tous les codes du western sont là : le cow-boy solitaire, le shérif un peu dépassé, le méchant très vilain, les bagarres épiques, le saloon, la diligence, la pendaison. Avec une telle accumulation de stéréotypes, Levring finit par donner l’impression d’imiter un western plutôt que d’en réaliser un.
L’histoire est donc celle de Jon, avec un Mads Mikkelsen impeccable comme toujours dans un rôle quasi-mutique, ne dérogeant finalement pas à son habitude. Après avoir retrouvé sa famille à la gare, il repart avec elle en diligence vers Black Creek, son habitation. Le voyage s’effectue malheureusement en compagnie de deux hommes avinés et violents qui éjectent Jon de la diligence, avec des intentions peu équivoques envers sa femme. Bien vite, Jon retrouve la diligence, et le corps de son fils, puis celui de sa femme violentée.