« The Salvation » fait partie de ses films qui me tentaient beaucoup. Son affiche était assez classe, son casting avait une certaine gueule, son synopsis avait su attisé ma curiosité et la bande annonce avait eu le don de finir de me convaincre. Du coup, c’est quasiment le jour de sa sortie que je me suis déplacé dans l’un de mes cinémas pour aller le voir avec l’espoir de me retrouver dans un bon western, genre que je connais au final assez mal.
Je n’ai pas fait le déplacement pour rien. C’est effectivement un western très efficace auquel j’ai eu le droit. Le scénario écrit par Anders Thomas Jensen et Kristian Levring est excellent. Je ne m’attendais d’ailleurs pas à une telle noirceur ainsi qu’à une telle violence physique mais aussi morale. En ça, le film reste assez fidèle à son genre. Ici, les gentils morflent et les méchants ne sont pas là pour faire dans la dentelle. On est en présence d’un western sauvage digne de ce nom et qui utilise avec beaucoup d’intelligence les différentes ficelles mis à sa disposition.
Assez contemplatif parfois dans sa façon de nous raconter son récit, le film a su m’entraîner avec lui. Dès les premières secondes (avec une phrase d’accroche qui nous replace dans le contexte rendant la suite plus dure encore) jusqu’à son final qui sent la poudre, j’ai été captivé par cette histoire. Si je savais que les personnages n’allaient pas être des enfants de chœurs, j’ai été agréablement surpris par la brutalité régnant dans ce film. Simple histoire de vengeance et de rédemption, le récit a su me fasciner.
Faut dire aussi que le casting à une sacrée classe et possède les gueules qu’il faut pour rendre son sujet encore plus prenant. Mads Mikkelsen est ainsi très bon en Jon. Ce n’est pas forcément son rôle le plus mémorable mais il donne de son charisme et de sa personne pour en faire un personnage pour qui on ne peut avoir que de la sympathie. On a envie de se battre à ses côtés. Et justement, il aura fort à faire face à un Jeffrey Dean Morgan toujours aussi excellent lui aussi en Delarue. Ayant la tête de l’emploi, je suis même presque surpris qu’on n’ait pas pensé à eux avant pour jouer dans un western.
C’est aussi le cas pour Eric Cantona, l’ancien footballeur que j’aimais beaucoup devenu acteur que j’apprécie tout autant. Je ne m’attendais pas à le retrouver dans ce type de production est pourtant il apparaît comme une évidence. Dans la peau du Corse, il n’a pas forcément grand-chose à dire mais son charisme fait le boulot et il est tellement bon que je regrette encore plus de ne pas le voir plus souvent dans ce genre de projet. Elle n’a pas grand-chose à dire non plus, rien en fait, mais Eva Green est elle aussi parfaite dans le rôle de la muette Madelaine. J’ai apprécié qu’on ne joue pas plus que ça de ses charmes pour exploiter davantage l’aspect énigmatique et ambigu de son personnage. Il y avait même matière à creuser davantage je pense.
Derrière, le reste de la distribution est tout aussi classe et sans fausses notes. Mikael Persbrandt est excellent en Peter. C’est vraiment dommage qu’on ne le voit pas un peu plus surtout que son personnage à un côté jouissif. Jonathan Pryce joue très bien également sur plusieurs tableaux avec son personnage de Keane tandis que j’ai bien aimé aussi Douglas Henshall en Mallick. Dans son ensemble, ce casting est fort judicieux et parfaitement bien pensé avec un côté très éclectique mais aussi très complémentaire.
La réalisation de Kristian Levring est excellente. Le cinéaste nous offre des plans d’une très grande beauté avec des travellings tout aussi sensationnels. La mise en scène est vraiment d’une très grande qualité avec en prime des plans riches et variés. On sent la sueur, on sent la poussière, on sent la violence et cette mise en scène contribue très fortement aussi à la réussite de ce western. Assez contemplatif dans son rythme, le film n’en demeure pas moins tout aussi fascinant même si la tournure de certaines situations s’avère prévisible. On ne s’ennuie pas une seule seconde en tout cas.
Les décors sont eux aussi très bon et j’ai beaucoup aimé ce qui à été fait sur la photographie. L’ensemble possède un charme certain que j’ai apprécié et qui prend même une certaine ampleur sur grand écran. Le seul vrai hic à mes yeux, un hic qui fait d’ailleurs baisser ma note ressentie d’un demi-point, c’est les effets visuels et notamment ceux concernant le feu et la fumée ainsi que la surenchère parfois de la lumière (voir l’éclairage de la lune et la plupart des scènes de nuit). Certes ça donne parfois un certain lyrisme, une certaine poésie à l’ensemble mais en même temps sa tranche sur la crédibilité du film et ça m’a un peu fait déconnecté parfois à force de trop ressentir et de manière assez violente les images de synthèses.
C’est vraiment dommage car hormis ce détail, le reste j’y adhère vraiment à fond. J’ai beaucoup aimé aussi les champs – contre champs qui jouent beaucoup avec les non-dits. Il y a des choses qu’on ne voit pas, qu’on devine seulement et cela rend le film encore plus violent et poignant à l’image d’un film d’horreur qui voudrait jouer sur l’ambiance plutôt que sur le voyeurisme gratuit. Cette utilisation de scènes que l’on ne voit pas mais que l’on devine uniquement m’a beaucoup plu. J’ai bien aimé aussi la musique signée par Kasper Winding qui s’accorde bien avec le rythme du film.
Pour résumer, je pensais passer un bon moment devant « The Salvation » mais je ne pensais pas que j’accrocherais autant devant ce western vraiment très efficace et convaincant. Quand je vois ce genre de film, je regrette vraiment de ne pas avoir vu plus de western que ça car avec le temps je me rends compte que c’est un genre que j’affectionne beaucoup surtout quand il est bien maîtrisé comme ici. Avec un scénario prenant, un casting excellent et une mise en scène brillante, tout est réuni pour en faire un grand film. C’est juste dommage sincèrement que plusieurs effets visuels manque cruellement de crédibilité et m’ont fait sortir du film parfois car mon ressenti aurait pu être encore plus élevé je pense sinon. Ça apporte quand même un peu de charme mais ça casse un peu la violence générale. Quoiqu’il en soit, ça reste un très bon film que je conseille et qui vaut le déplacement en salles.
Mr Vladdy – 7 septembre 2014.