Magic in the Moonlight est un film qu’on pourrait qualifier à la fois de fantastique, philosophique et romantique, malgré les apparences. Une fois de plus, Woody Allen nous sert sur un plateau d’argent une intrigue qui n’a, de prime abord, rien d’exceptionnelle, mais que les dialogues savoureux rendent captivante.
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La magie existe-t-elle ou non ? Le doute fantastique est présent pendant une bonne durée du film, durant laquelle on se demande si les dons de Sophie sont réels, ou s’ils ne sont qu’une vaste supercherie. Il faut admettre que Woody Allen maintient un certain suspense, mais au fond, ce n’est pas là la préoccupation majeure du film. Ces interrogations, ces différentes possibilités permettent effectivement au réalisateur de s’interroger sur les bienfaits de la croyance, quelle qu’elle soit, et qu’elle soit raisonnable ou non.
Il faut bien l’avouer, le film ne saura guère séduire tous les spectateurs. Les amateurs d’action ou de sensations fortes devront passer leur chemin. Si le film n’a rien d’ennuyeux, ne serait-ce que grâce à son humour, il n’en demeure pas moins réservé à ceux qui sont sensibles à la richesse et à la saveur des dialogues bien construits. Et il ne faut pas douter que plusieurs perles sont de sortie dans ce film, surtout par le personnage joué par Colin Firth.
Le comédien britannique est sans doute l’un des points forts du film. On le retrouve à la fois fidèle à lui-même et surprenant. Le rôle est assurément taillé sur mesure pour lui, et on se plaît à le voir se montrer caustique, ironique, misanthrope, ou incapable de s’abandonner au moindre bonheur ou sentiment. On se souvient avec un plaisir coupable de la scène où Sophie Baker tente de lui faire comprendre qu’elle tombe amoureuse de lui. D’ailleurs, on regrette que le personnage d’Emma Stone paraisse justement si fade à force de rayonner ; mais il n’en devient pas désagréable. Le personnage de Firth non plus n’est pas caricatural, permettant à son interprète de passer d’une palette d’émotions à une autre.
On peut être moins fan de la bande originale ou du final mais Magic in the Moonlight reste après tout une comédie (certes dramatique), et elle correspond à toutes les attentes qu’on aurait pu avoir auprès d’un nouveau Woody Allen. Un personnage corrosif et ô combien charismatique, des éléments de suspense, des dialogues savoureux, quelques scènes difficilement oubliables, et également une certaine profondeur, malgré la bonne humeur ambiante. Un film à voir.