Précisons-le d'entrée de jeu... Je ne suis pas et n'ai jamais été un passionné du travail de Woody Allen. Mais n'ayant pas de préjugés ni de convictions mal-placées, lorsqu'un film m'intéresse, ou qu'un acteur m'intéresse, j'essaye. Malheureusement, Allen confirme encore une fois l'opinion que j'ai de lui, celle d'un cinéma creux et oppressivement lent, d'une illusion de profondeur masquant un scénario en carton-pâte plutôt qu'en béton. Ce qui tient le mieux la route chez Woody Allen, c'est le message qu'il tente d'envoyer et qui apparaîtra clairement à n'importe quel spectateur intéressé. Le problème c'est que ce message, cette épiphanie du climax cinématographique, est bâti sur un mirage de sentiments, sans profondeur et d'un goût désagréable. En dehors de Colin Firth, dans le rôle d'un magicien renommé pour sa capacité à démasquer les tromperies de prétendus voyants et autres mentalistes, autant que pour son caractère compliqué et sa personnalité acide, qui mène le film avec tout le talent qu'il possède et est bien le seul à lui éviter le naufrage. Emma Stone n'est pas crédible une seconde dans ce rôle de médium communiquant avec les esprits, à tel point qu'on se demande si le côté stéréotypé n'est pas voulu tant c'est surjoué, jusqu'à sembler parodique. Avec des seconds rôles en demi-teintes, certains meilleurs que d'autres, vraiment agaçants. Deux problèmes généraux se posent tout au long du film, que l'accordéon résume assez bien. Le rythme est en dents-de-scie, avec une première demi-heure sans intérêt, uniquement animée des traits d'esprit de Colin Firth qui écope déjà très vite avec un seau de plage pour empêcher le bateau de couler. La suite ne s'améliore pas,
le film démarrant péniblement après la rencontre des personnages principaux et des scènes convenues,
parfaitement prévisibles pour cette romance soi-disant hors du commun, et dont les ficelles sont aussi visibles que celles d'une médium faisant voler une bougie...A retenir, la prestation de Colin Firth dans un rôle qui l'éloigne de son côté "gentil benêt" et apporte la preuve qu'il peut jouer des personnages obtus et odieux.
Une scène d'anthologie avec Eileen Atkins dans le rôle de la tante Vanessa, entre maïeutique et manipulation permettant d'amener une conclusion laborieuse à un film aussi épais que la mue d'un serpent. Pour terminer, ce message sur le côté irrationnel et non calculé de l'amour, qui est bien la seule profondeur de l'ensemble.
En revanche, du scénario aux décors convenus du Sud de la France, en passant par la musique type Charleston extrêmement répétitive qui tourne en boucle tout au long du film, aux acteurs de moyen à très moyen qui vivotent au long des scènes dans un récit émaillé de longueurs dignes du Grand Canyon et dans la facilité des sentiments, la crédulité naïve des personnages, on sort de là fatigué par tant de de ratés, à la limite du téléfilm. Il semble que Woody Allen, comme trop souvent, réalise un film d'auteur non-assumé, nageant dans le tout-public le plus simpliste, comme si Wes Anderson se mettait à filmer au ralenti pour que tout le monde puisse suivre, que Tarantino censurait son art de faire couler le sang. J'ai d'ailleurs honte de mêler deux grands réalisateurs à cette critique.A éviter, à fuir, sauf sous acide ou avec une belle réserve de Prozac pour supporter ce téléfilm longuet et mou, trop superficiel et pas assez assumé.