« Jodorowsky’s Dune » : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », voilà en gros la morale du film. « Jodorowsky’s Dune » est un documentaire captivant et instructif. Jodorowski est un surréaliste. Un cinéaste surréaliste. Dès le début du documentaire, il parle d’art. Le film doit être avant tout de l’art au même titre que la poésie et la peinture. Et sa vision cinématographique se rapproche plus de la peinture surréaliste. Il a pour obsession d’ouvrir les esprits des spectateurs. C’est cette démarche qui l’anime quand il a l’accord pour monter « Dune » de Frank Herbert. Une obsession presque maladive, voire inquiétante. Son rapport avec son fils pour l’embarquer dans son projet le prouve. C’est un guerrier de l’art et s’entoure pour mener à bien son projet de « warriors » de l’art, dont un certain H.R. Giger, quasiment inconnu. Il veut que ses « warriors » partagent sa même philosophie de pensée ; pour autant, s’il les laisse libres de toutes créations, il tient à tenir les rênes. Ainsi, il n’hésite pas après avoir contacté Douglas Trumbull, le génial créateur des effets spéciaux de « 2001 odyssée de l’Espace », à le rembarrer. Parce que ce monsieur pensait plus « argent » que « art ». Comme tout mégalo, Jodorowski a ses contradictions. Il veut Salvador Dali, un excentrique extravagant surréaliste, egocentrico-nombrilo-narcissique. Dali qui ne connaît rien à Herbert, à la science-fiction, à Dune, qui semble se moquer du projet accepte de jouer moyennant 100 000$ la minute. Jodorowsky accepte. Ou est sa notion de l’art ? Bref, « Dune » est réalisé sur papier, un livre, un pavé de plus d’une centaine de pages de storyboard. Le projet tiré à quelques exemplaires pour les producteurs américains est prêt à être appliqué ; reste 5 millions à trouver. En vain. Projet ambitieux, irréalisable selon les producteurs, projet qui fait peur. Projet tombé en poussière. Pas vraiment. Passé de main en main, il sera source d’inspiration. Une idée captée là, une idée captée ici et hop, ce qui a été créé ne sera pas perdu et sera transformé ; « Alien », « «Star Wars », « Blade Runner », par exemple seront des atomes recyclés de « Jodorowsky’s Dune ». Déçu, amer, révolté, et ça se comprend, Jodowsky en veut à Hollywood qu’il compare au Diable. Le fameux dollar qui pourrit tout et qui l’empêche de réaliser "son art". Mais force est de reconnaître qu’un autre paramètre non négligeable a fait obstacle : lui-même. Hollywood ne voulait pas qu’il tourne le projet. Ses visons surréalistes effrayaient Hollywood. Il ne rentrait pas dans le moule. A découvrir.