Ce premier long métrage n'est pas sans rappeler certaines oeuvres de Ken Loach tant, tout, des personnages, des thèmes, de l'environnement sous jacent, nous fait penser au cinéma social britannique que le cinéma de Ken Loach a rendu célèbre.
La particularité de ce film britannique est de traiter ce récit à la manière d'un conte : la réalisatrice s'inspire d'une nouvelle d'Oscar Wilde, et fait -un peu-fi du sordide et du misérabilisme inhérent à ce cinéma social.
Il y a, dans "Le Géant égoïste", un ton et une atmosphère qui lui confèrent des particularités ( cette scène très fantasmagorique qui voient des courses de chevaux sur une parcelle d'autoroute), qui orientent le film vers autre chose que le seul naturalisme dans lequel il pourrait plonger.
Le parti pris d'une mise en images onirique i transfigure le pessimisme désespérant ambiant , mais le film soulève pas mal de constats d'échecs, aussi bien du côté du système scolaire, incapable de trouver d'autre solution que le renvoi quand elle a affaire à des gamins turbulents, mais aussi du côté des familles, particulièrement démissionnaires.
Et quiconque qui se sera attaché, au fil de l'histoire, à ce personnage qui fait face à tous les obstacles avec une force et un courage bouleversants, pourra être éprouvé par toutes ces épreuves traversées.
Le problème est que, si la tentative de la cinéaste d'élever le film loin des sentiers balisés par sa mise en scène, le film pèche, contrairement aux films de Loach, par le fond : le scénario est vraiment aussi mince qu'une feuille de papier de cigarette, et de plus, devient plus que prévisible alors qu'on s'enfonce dans un véritable drame qui semble quand même bien écrit à l'avance..
Et on a énormément de mal à s'attacher au jeune héros - malgré la justesse du jeu jeune Conner Chapman dont le comportement nous semble vraiment trop opaque et difficile à comprendre.
Et malgré la mise en scène qui tend à échaper au misérabilisme, le scénario nous fait bien plonger dans cette misère noire d'aucune parcelle d'espoir ni aucun trait de légerté ( pour ne pas dire d'humour) ne surgira à un moment ou à un autre...
Malgré l'ambition de départ du cinéaste et son regard évident de metteur en scène, on ne peut s'empêcher de penser qu'il manque à ce Géant Egoiste ce petit quelque chose qui empeche ce premier long métrage de se dérouler un peu trop linéairement.