Blue Ruin...de Jeremy Saulnier. L’histoire d’une vengeance, celle de Dwight, dont les parents ont été assassinés par un mec qui sort de prison après avoir purgé une peine de 10 ans. Sauf que ce n’est pas assez. La loi du talion sera la seule issue possible.
Blue Ruin est réalisé sur un tempo extrêmement lent, qui nous place sous tension du début à la fin, sans jamais calmer le jeu. Ca monte, inexorablement, doucement, fatalement, comme un drame Shakespearien, avec un twist de fin assez inattendu.
Jeremy Saulnier, en parfait control freak, a écrit le scénario, réalisé le film, et assuré le poste de chef-op. Le résultat est magnifique, avec des scènes bucoliques, et d’autres complètement graphiques, une mise en scène glaciale mais ô combien efficace, les dialogues sont rares, et la priorité est donnée à l’image, au langage, cinématographique avant toute chose, et ça fait du bien !
Bien sur, même si ce film a sa propre identité, on ne peut s’empêcher de penser à Shotgun stories de Jeff Nichols, voire à Blood Simple des frères Coen. On est dans un thriller, certes détourné, mais un thriller quand même avec des ingrédients nouveaux, des détails incroyables d’originalité, et surtout un comédien qui porte tout sur les épaules, Macon Blair, que je ne connaissais pas et dont je vais suivre la carrière de près.
C’est aussi un film sur la métamorphose du personnage principal auquel on s’identifie immédiatement. Au départ, c’est un sdf, cheveux longs, sale, barbu, qui dort dans sa bagnole, et au fil de l’action, il change physiquement. Il se lave, se rase, se coupe les cheveux, s’habille comme Monsieur tout le monde, comme si le fait d’aller au bout de sa vengeance nécessitait forcément le besoin de s’aseptiser avant toute chose.
Blue Ruin est la bonne surprise de ce début d’été. Je recommande vivement.