Tout y est fascinant, approfondie, sensible. Même le regard de Bruce Willis, porté, comme celui d'un explorateur discret, et intérieurement palpitant par l'incroyable découverte qu'il vient de faire, sur un enfant aussi spatiale qu'angélique dans sa tragique manifesté. On est alors embarqué dans ce qui aurait pu être la prose de Rimbaud. Cette aletheia, vérité ou manifestée authentique, disparue dans leur propre mouvement, leur propre dramaturgie. Le réalisateur donne alors la parole à la tragédie, au fantomatique, à l'invisible, que seuls les yeux d'un enfant aussi innocent que coupable d'être le témoin de la peur, peuvent saisir. La peur y est fantomatique, autant que la vérité, le dénouement improbable de l'histoire n'est en que le témoignage, mais ce témoignage n'est pas celui de la vérité, la trace de sa manifesté disparue, mais celui de l'authenticité de cette peur, son degré d'illusion et de sincérité. Les acteurs de notre peur ont alors envie de voir à notre place, voir et sentir ce qu'ils veulent. Ce sixième sens, c'est de voir ce qui en nous, peut sensiblement témoigner de l'illusion de nos propres visions du monde. Les deux acteurs, raffinant dans leur échange, une assez belle justesse, traversent comme un couloir fait de faisceaux, solaire ou lunaire, ils se contemplent l'un et l'autre dans un témoignage réciproque de la présence de l'autre. La plume du scénario, en devient leur confidente. Des personnages d'une touchante épaisseur.