Vu sur Syfy, ce film est d’une affligeante médiocrité, une des catastrophes dont la chaine nous abreuve régulièrement pour le plus grand plaisir de ses habitués.
Je commence par l’interprétation. Elle est horrible. Dans l’ensemble il n’y a que des inconnus qui jouent franchement comme des patates. Boulton, Campbell, O’Neil, et toute la clique d’aventuriers est pathétique, d’autant plus que leurs rôles sont un ramassis de clichés énormes (avec notamment une inénarrable tête à claque). Le pire reste néanmoins, et de loin, Adrian Paul. A la limite les autres acteurs sont certes mauvais, mais ils y croient un minimum, s’investissent, pensant peut-être que ca va booster leurs carrières. Paul, seul acteur avec quelques faits de gloire, est là dans sa pire prestation. Il est constamment à coté de la plaque, parfois monolithique au possible, d’autre fois cabotinant de façon outrancière, et incarne en plus une caricature ambulante de pilote alcoolo. Là, même les Razzie Awards c’est trop doux pour lui !
Le scénario est très mauvais. Il n’est jamais imaginatif pour un sou, il est bourrelé de poncifs innommable (le type qui se sacrifie bêtement par exemple). Il est assez rythmé, mais alors il est d’une rare pénibilité à suivre. Je le déconseille fortement seul, il faut au moins avoir quelques amis gouailleurs avec soi pour arriver à tenir, tant les réactions des personnages sont idiotes, les rebondissements sans intérêt, et les lieux communs aussi nombreux que les chinois en Chine. A noter qu’il se prend par ailleurs très au sérieux, et que du coup il n’est pas très marrant. En dehors de quelques répliques qui feront mouche, et d’une ou deux scènes un peu délirantes, c’est nettement plus l’ennui et la pitié qui domine comme sensation, que le rire et la sympathie devant Yetis.
Sur la forme, c’est un film très faiblard. La mise en scène est ridicule. Franchement je ne me souvenais plus que c’était Makilaakso qui avait réalisé le très mauvais War of Dead, déjà critiqué par mes soins, mais la parenté des deux métrages ne m’étonne pas. Tout est raté, il y a peut-être une ou deux séquences qui surnagent (le passage dans la maison est clairement le meilleur du film mais reste assez bas de gamme), c’est trop peu néanmoins. La photographie n’est elle non plus guère au niveau, même si au final, assez sobre, je ne lui ferai pas de reproches particuliers. Les décors naturels sont corrects, on sent une certaine application, mais il y a un gros problème avec la maison. Là on a carrément un chalet grand luxe dans un lieu théoriquement non fréquenté depuis des lustres à cause des disparitions liées aux yétis. C’est du n’importe quoi, et l’une des incohérences crasses du film. Les effets spéciaux partaient plutôt pour être honnêtes, compte tenu du budget de la production. Quelques apparitions au début, plutôt suggestives, et assez réussies. Par contre très vite le film vire à l’explicite, montrant ses créatures sous tout les angles, et abusant des images de synthèses à la moindre incartade. C’est laid, mal incrusté, et souvent ridicule car on peut faire tout et n’importe quoi avec des images de synthèse. Du coup il faut voir les yétis courir dans la neige, en particulier dans les descentes ! Coté musical, il n’y a rien à retenir.
En clair, Yetis est film qui n’a vraiment rien pour se rattraper. Quelques décors, une photographie juste moyenne, un ou deux fx qui surnagent, mais au final, des bribes grattées ci et là. Le résultat est foncièrement décevant, d’autant plus que l’on ne sent pas une réelle générosité, une envie de ne pas prendre le spectateur pour un gogo. Certes Adrian Paul y est pour beaucoup, malgré ses apparitions restreintes, mais c’est valable pour le reste. Il n’y a aucune recherche, aucune volonté de se démarquer du produit passe-partout, de ne pas servir simplement à combler les grilles des chaines télés. Peu amusant de surcroit, il ne fait même pas un nanar savoureux. Dans le genre, rabattez vous clairement sur Bigfoot, tout aussi mal foutu sur la forme, certes, mais alors beaucoup plus amusant car jouant franchement la carte second degré.