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Patrick Braganti
91 abonnés
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4,0
Publiée le 27 octobre 2013
Dans les années 60, le catch est un sport et un divertissement qui reçoit les faveurs (et les paris) d’un public braillard et bon enfant, nullement dupe des trucages et des combats spectaculaires auxquels il assiste dans des salles surchauffée, avant que ceux-ci soient diffusés à la télévision. Le premier long-métrage de l’angevin David Perrault prend donc racine dans cette période révolue : la discipline est aujourd’hui considérée en France comme ringarde. Nos héros sont morts ce soir, un titre mystérieux et sibyllin qui colle à merveille à ce rêve éveillé, filmé en noir et blanc, dans des ambiances obscures et des atmosphères délétères, qui bascule peu à peu dans une réalité brutale. Simon et Victor sont deux potes liés par leur métier de catcheur, mais aussi par une histoire plus ancienne et enfouie, quelque chose qui a peut-être à voir avec la guerre d’Algérie à peine terminée. L’un et l’autre se camouflent derrière des masques : blanc pour Simon, incarnant Le Spectre, héros positif et sympathique recevant les faveurs de la foule et noir pour Victor, rebaptisé L’Équarrisseur de Belleville, figure du parfait salaud sur laquelle tombent les invectives et les injures des spectateurs. Garçon fragile et impulsif, Victor supporte mal d’endosser l’uniforme du perdant et d’essuyer combat après combat les quolibets et les affronts. En acceptant d’inverser les rôles, ils mettent en branle une mécanique implacable. Les aficionados des films noirs des années 50, et plus particulièrement du cinéma de Jean-Pierre Melville, mais aussi les amateurs des climats fantastiques à la Franju, à la limite du réel, dans des décors irréels peuplés de fantômes recouverts de draps blancs , trouveront aisément leurs marques en découvrant cet objet singulier et captivant. Avec leurs faux airs de Gabin et de Ventura, les deux comédiens principaux, Denis Ménochet et Jean-Pierre Martins, à la forte présence physique et à l’allure presque anachronique, contribuent à créer le mirage du film ancien que l’usage du noir et blanc souligne d’évidence. Un milieu essentiellement masculin où gravitent les entraineurs manipulateurs et les hommes d’affaires véreux, entourés de sous-fifres encore plus vicieux et féroces que leurs employeurs. Cependant, David Perrault n’oublie pas d’adjoindre à cette galerie de grandes gueules fracassées deux personnages féminins : Jeanne la serveuse et Anna, la petite amie de Simon, toutes les deux personnifiant, au-delà des qualités propres à leur statut, la culture et l’ouverture vers un autre monde. Plus qu’un simple polar ou une variation sur le catch, le film prend la dimension plus singulière de la parabole sur la place du héros et du mythe qu’il est censé matérialiser, en débordant parfois le périmètre restreint de l’exercice de son art, comme en témoigne ce catcheur incroyable surnommé « L’Étrangleur juif ». David Perrault nous promène ainsi entre rêve et réalité, érigeant des ponts entre Melville et Franju. Nous partons à sa suite avec un grand bonheur pour cette union réussie entre œuvre métaphysique (les discussions et les réflexions entre les deux potes) et film de pure action. On attend avec impatience le prochain film de ce nouveau venu prometteur.
Malgré ses imperfections "Nos héros sont morts ce soir" reste un objet rafraîchissant et artistique au milieu d'une production française morne et formatée.
Filmé en noir et blanc avec une ambiance comment dire…spéciale ! Je n’ai pas aimé, même si ce n’est pas mal filmé, ni même mal joué, c’est rapidement ennuyeux et j’ai très vite décroché. Pourtant au départ c’est intéressant, le monde du catch ressenti par les catcheurs, mais très vite le scénario est sabordé par des dialogues et des rebondissements sans queue ni tête. Dehors,c’était le déluge, alors je suis restée dans la salle ! Le seul plaisir que j’y ai trouvé, c’est de voir la beauté virile de Jean-Pierre Martins que j’avais déjà pu voir dans d’autres films, surtout dans des seconds rôles et qui a chaque fois, avait été un plaisir pour mes yeux, tant il est physiquement séduisant.
Un premier film prometteur. David Perrault arrive à faire un film visuellement très beau avec de belles envolées poétiques (rappellant parfois David Lynch) malgré un budget apparemment très faible. Même si le scénario n'est pas à la hauteur de l'aspect visuel du film et que le rythme assez lent peut en rebuter certains, cette évocation du catch et des années 60 nous laisse augurer de futurs beaux films de cet auteur.
Déjà je suis contente de ne pas être à la mode ni faire comme tout le monde c'est pour ça que je n'irais pas voir le film qu'il faut avoir vu pour ne pas passer pour ringard
je connais un peu l'univers du catch mais sans plus et pas spécialement fan non plus , alors la claque que j'ai prise en allant voir ce petit bijou, déjà la bonne idée géniale du noir et blanc , la nostalgie de cette époque le Paris des années soixante merveilleusement reconstitué à tout points de vue L'histoire est formidable et tient la route avec un film maîtrisé de bout en bout et des acteurs premiers comme seconds rôles tous géniaux et à l'unisson , Yann Colette très peu vu au cinéma n'a pas la place qu'il mérite et ce serait bien de le voir plus souvent au cinéma , Philippe Nahon est jubilatoire son rôle lui va comme un gant , dans une courte apparition Constance Dollé s'en sort plus que bien , et pour finir le génialissime duo d'acteurs Jean-Pierre Martins et Denis Ménochet ces deux rôles on été fais pour eux ils joues vraiment leurs personnages à la perfection , mais comme se sont deux grands comédiens il ne pouvait en être autrement rien ne manque à ce film qu'il faut allez voir et ne surtout pas penser que l'on ne vois que du catch , et ce n'est pas qu'un univers masculin quelques femmes étaient présentes dans la salle
Depuis que Darren Aronofsky a traité du sujet dans The Wrestler, on a appris que l’on pouvait évoquer le catch avec finesse. Le premier long-métrage de David Perrault (après un court remarqué à Clermont en 2012) se situe dans sa droite lignée. Les cinq premières minutes posent parfaitement les bases avec un rappel historique du contexte des guerres d’Indochine et d’Algérie. Car c’est aussi, et peut-être même avant tout, à la description d’une époque dans laquelle nous entraine le récit : les années 1960 et toute la magie qui va avec. Une belle photographie, des mouvements d’une fluidité virtuose, des interprétations irréprochables, voilà une œuvre techniquement superbe. Hélas on peut pointer ce qu’il convient d’appeler les défauts de ses qualités. Le réalisateur semble avoir appliqué à la lettre le bon petit guide du film indépendant américain : choix du noir et blanc épuré, musique lancinante, utilisation abondante des ralentis, profusion des références culturelles. Un peu trop propret pour être personnelle, d’autant que le scénario n’est hélas pas à la hauteur. Une fois passée la scène du combat incluant le fameux échange de masques, la tension dramatique retombe à plat. Tous les ingrédients étaient là pour nous offrir un Million Dollar Baby à la française, mais la recette a été sabordée en chemin. À titre personnel je déplore également que le catch soit à nouveau une simple toile de fond pour un autre sujet. À quand un scénario qui exploiterait de A à Z tous les tenants et aboutissants d’une discipline et un milieu bien plus complexes qu’on ne l’imagine ?
Les années soixante. Le catch. Les masques. Du noir et blanc pour un film hautement stylisė à visées mythologiques. Une première œuvre qui ne manque pas d'ambition graphique sans avoir les épaules pour l'assumer à cause d'une écriture diffuse au service d'un récit un peu court. Les catcheurs masqués sont ici considérés comme des super héros d'une totale fragilité. Nos héros sont morts ce soir est un hommage distancié au film noir et sans doute à Melville. Trop de références, un climat passéiste mais aussi un manque de personnalité et de regard, si ce n'est nostalgique, sur une époque révolue. On ne peut lui dénier des qualités pour créer une atmosphère, mais sans la satisfaction d'une œuvre aboutie.
Son diplôme de la FEMIS en poche, section scénario, et après quelques court-métrages, le trentenaire David Perrault réalise son premier long métrage avec "Nos héros sont morts ce soir", présenté à la Semaine de la Critique de Cannes 2013. Un film en Noir et Blanc, sans grande vedette, un film à la fois nostalgique et moderne. En cherchant bien, on peut trouver des défauts au film de David Perrault, le plus évident étant la conséquence presque inévitable du choix consistant à embrasser plusieurs genres cinématographiques : un peu d'éparpillement, des idées insuffisamment exploitées. Toutefois, face à ce scénario très original, cette mise en scène et cette direction d'acteurs déjà très maîtrisées et cette qualité indéniable de la photo, force est de reconnaître que David Perrault fait partie, dès son premier long métrage, des réalisateurs prometteurs de sa génération.
Mise en scène soigné et inventive, photo en noir & blanc superbe, casting impeccable (mention spéciale à Philippe Nahon qui vole une nouvelle fois la vedette à tous le monde!)...mais malheureusement la vacuité du scénario tire l'entreprise vers la bas et finit même par nous ennuyer. Dommage, pour un premier film qui restera plus intriguant que totalement séduisant !
Vu à Cannes. Un film courageux et maîtrisé, d'une tenue formelle étonnante - qui prend l'exact contre-pied de la nouvelle nouvelle vague défendue par les Cahiers du cinéma depuis un an (le Vincent Macaigne movie, un genre en soi)... En cela, le film est une forme d'OVNI et va à mon avis détonner dans le paysage à sa sortie.
Il faut rentrer dans ce pur fantasme cinéphile - qui convoque à sa table rien moins que Gainbourg, de Nerval, William Wellman, James Cagney, Jacques Becker, Andrew Dominik (magnifique épilogue), Jean-Luc Godard et compagnie. Le film pour autant ne tombe jamais dans les pièges de la citation ironique, du clin d'oeil naphtaliné, mais il trace sa voie, jamais passéiste.
Visuellement c'est à tomber par terre (magnifique 2.35 en N&B, un chef-op est né), le travail sur le son est phénoménal, je redécouvre Ménochet...
Un film qui tranche radicalement avec la production classique française, et ça fait plaisir ! Un film de gueules, magnifiquement écrit, interprété avec un bonheur communicatif par des acteurs fantastiques. Un film de mise en scène surtout : scène de catch prodigieusement découpée, superbe travail sur la lumière, noir et blanc magnifique. Il y a mille références dans le film, mais elles sont complètement assumées, digérées, on est loin de la parodie ou de la citation stérile. On voit que David Perrault est un amoureux fou du cinéma et son amour est communicatif. A découvrir absolument sur grand écran pour soutenir ce genre de démarche si rare dans le cinéma hexagonal et surtout pour se régaler pendant une heure et demi !