Très dépaysant ce film, tout du moins par le décor et par l’ambiance… L’Inde, c’est tellement différent de l’Europe qu’on est tout de suite assez fasciné par cette société avec laquelle on a si peu en commun C’est la première qualité de « The lunchbox », nous faire plonger dans la vie grouillante de Bombay, dans ces transports en commun surpeuplés, dans ces rues perpétuellement embouteillées, dans la moiteur, la vacarme et les odeurs qu’on imaginent. C’est presque un choc culturel qu’on ressent devant l’écran. Ce système de convoyage des boites de repas est emblématique de ce choc, comment un système aussi rudimentaire peut-il fonctionner sans accros dans une fourmilière pareille ? Si un tel système existait en France, j’imagine qu’on ne déjeunerait qu’un jour sur deux ! Dans ce contexte, on est immédiatement sous le charme de la « romance » épistolaire entre Ila (incarnée par la très belle Nimrat Kaur) et Saajan (Irrfan Kahn), et on y croit d’emblée. Grace une réalisation soignée et un montage qui ne laisse pas de temps morts ou de longueurs inutiles, on est embarqué dans ce petit échange de lettres au point d’attendre avec presque autant d’impatience que les protagonistes l’arrivée de la lunchbox et de son retour. Et çà, pour le coup, c’est universel et çà parle à tout le monde : qui n’a jamais attendu avec une impatience mal dissimulée l’arrivée d’une lettre, d’un mail, d’un SMS ? Ces deux là s’échangent des petites banalités (qui n’en sont pas vraiment) sur les petits bouts de papier déchirées d’un cahier d’écolier, c’est charmant, c’est touchant et surtout on y croit. Et la relation entre eux, qui ne se rencontrent jamais, grandit sous nos yeux et on se prend à espérer, à avoir envie qu’ils s’ouvrent l’un à l’autre, qu’ils s’aperçoivent que chacun pourrait changer la vie de l’autre… Ils sont différends, elle est mariée (dans une Inde toujours très traditionnelle malgré la modernité) jeune et jolie. Lui est un veuf vieillissant et solitaire, sans vraie vie sociale, dont le seul petit plaisir (au début) est de faire tourner en bourrique le jeune homme sensé le remplacer quand il partira en retraite. D’ailleurs la relation entre Saajan et le jeune Shaikh évolue en même temps que sa relation avec Ila, et sans doute grâce à elle. Elle se transforme peu à peu en attachement père-fils plein de pudeur, c’est là encore très touchant. Mais les différences entre Ila et Saajan sont bien peu de chose au regard de ce qui les lie : la solitude, quand ils s’écrivent, ils ne sont plus seuls, c’est aussi simple et évident que cela ! Et çà aussi, c’est universel et çà parle à tout le monde, non ? Le scénario nous offre une fin ouverte qui peut paraitre très frustrante sur le moment, mais dans laquelle on peut y mettre ce qu’on veut. En fait, les dernières minutes du film, on se les fait dans notre tête, après la séance. Et dans ma tête de romantique à moi, çà finit plutôt bien.