Il y a 2 Passengers : une première partie que j'ai trouvée brillante, basée sur une idée originale et développant une métaphore merveilleusement illustrée sur le temps et le sens de la vie; une seconde partie très convenue qui casse en bonne partie l'atmosphère poétique créée jusqu'ici par le film.
Dans la première partie, on est entraîné dès le départ par le synopsis très bien trouvé : sur un voyage galactique long de 120 ans, le personnage principal, Chris Pratt, se réveille au bout de ... 30 ans. Et pas moyen de se rendormir. D'emblée, se déploient les thèmes du temps qui passe et de la difficulté à trouver un sens à sa vie quand celle ci n'est pas celle imaginée. Plus globalement, grâce à une idée de base simple mais géniale, le film arrive à un drame doté d'une certaine poésie, cohérent, dépouillé. Pas de feu d'artifice d'actions en tous genres, juste un homme seul au milieu des étoiles qui sait qu'il n'arrivera pas au bout du voyage. Alors même que cet homme est entouré de 5000 autres personnes qui continuent à dormir paisiblement. La première partie est donc bien tournée et donne lieu à des images magnifiques, le cadre spatial s'y prêtant bien. Jennifer Lawrence apporte sa contribution à ce film, quoique les personnages aient d'emblée des attitudes stéréotypées. Mais passons...
Dans la seconde partie, celle qui sans doute a couté le statut de chef d'oeuvre à Passengers, le scénario sors rapidement des chemins de traverse pour revenir sur l'autoroute balisée. Ouf ! Plus de prise de risque, plus d'originalité, de l'action, du faux suspense et des explosions. Le sujet du film change complètement : on retrouve la énième variation sur le thème de "l'amour sublimé face à l'épreuve", le sacrifice, la course contre la montre. Et le pire c'est que, sur ce thème convenu, Passengers ne s'est même pas foulé. Tout est prévisible à des années lumières, et l'atmosphère tendue et dramatique construite jusqu'ici disparaît dans l'hystérie. Jennifer Lawrence se lance alors dans un jeu qu'elle affectionne : le "sur-jeu". Elle en rajoute des tonnes pour faire oublier dans les hurlements le décès subit et prématuré du scénario. Les dialogues sont alors vidées et les péripéties sans intérêt. Pire que ça, en rajoutant une séquence catastrophe, le réalisateur perd l'opportunité de donner une réponse plus intelligente à la réflexion qu'il avait entamée en première partie. C'est d'ailleurs peut être cela le but : incapable de répondre aux questions existentielles qu'il a lui même posées, Passengers esquive avec un simulacre de film d'action.
Quand, aux derniers spasmes épileptiques de Passengers, le scénariste se rend compte qu'il faut quand même conclure le film, il abrège le film en quelques minutes : les questions intelligentes que vous pouviez vous poser ne trouveront pas leurs réponses, voire auront disparu de votre esprit grâce à la purge de la seconde partie du film. La conclusion n'y répondra pas davantage, et voilà comment un film bien parti s'achève dans le semi naufrage.