Andy Garcia apparaît dans les toutes dernières secondes du film sans prononcer le moindre mot. Il sourit, c’est tout. Soit Andy Garcia est un très bon ami de Morten Tyldum, le réalisateur, au point d’accepter de jouer une présence qui se contente de sourire quelques secondes, soit Andy Garcia est aux abois, soit la production, ravie de constater un excédent dans le budget, n’a pas lésiné d’investir sur une tête bien connue du public. Je ne sais pas ce que vaut l’acteur sur le marché actuel, mais demander à Andy Garcia, acteur d’affiche des années 80, 90 de ne jouer qu’une silhouette (j’exagère à peine) m’étonne grandement. Un simple inconnu aurait fait l’affaire. J’aurais aimé à la rigueur qu’Andy Garcia intervienne dès l’entame du film. On aurait vu le capitaine Norris fraîchement sorti de son sommeil de 120 ans, s’asseoir à son bureau ou aux commandes de son vaisseau, un livret à la main. Un livret écrit par Aurora, une passagère du vaisseau qui a eu le malheur de se réveiller bien trop tôt, relater sa vie dans ce vaisseau immensément vide. Un flasback. Ainsi, les silences, les regards, les interrogations du capitaine auraient permis à l’acteur d’avoir un rôle légèrement plus consistant. Le film aurait aussi gagné en émotion. Mais de quoi je me mêle !?! Classique le coup du flashback !!! On s’en fout d’Andy Garcia, c’est son problème et ce n’est pas le film !!! C’est vrai, vous avez amplement raison cher allocinaute… Mais il ne vous est pas venu en tête que parler d’Andy Garcia pouvait en dire long sur l’intérêt du film ? Ennui ? Perte de temps ? Frustration ? Gâchis ? Je rassure vite : pas le moins du monde je me suis ennuyé et encore moins eu ce sentiment de perte de temps. Par contre, frustré sans aucun doute. Il y avait matière à traiter le sujet de façon plus intense sans compliquer les situations. Prendre à revers de tout ce qui se fait en ce moment en terme de science-fiction à tendance lourdement commerciale. On se doutait bien que le vaisseau avait un problème puisqu’un des nombreux passagers en sommeil de 120 ans se réveille bien trop tôt.
Pourquoi ajouter le genre catastrophe au genre science-fiction ?
Pourquoi faire de Jim Preston un super héros ? Pourquoi fallait-il alourdir le propos avec cette imbuvable notion de sacrifice ? Gâchis, oh que oui ! Comme par hasard, un autre type se lève bien trop tôt et comme par hasard, c’est un technicien.
Il se réveille pour mourir aussitôt laissant quelques consignes qui permettront aux deux passagers de s’en sortir et par la-même sauver une partie de l’humanité en voyage.
Une bonne couche de drame étalée à la truelle ! Désolé, j’espérais un autre traitement. Stanley Kubrick n’avait pas peur des langueurs, des longueurs pour traduire l’immense solitude des voyageurs dans l’espace. Le sujet de base était déjà intense. Le réveil de Jim Preston avec 90 ans d’avance était déjà intense, son impatience à découvrir « son nouveau monde », son coup de massue après avoir réalisé l’horreur de sa situation, son angoisse pour les années à venir, sa détermination à réparer cette injustice ; son acte envers Aurora était chargé d’intensité, l’attente de la vérité était captivante, sa culpabilité était saisissante. A l’enfermement dans le vaisseau traversant l’Univers s’ajoutaient les nombreuses portes verrouillées inaccessibles aux passagers. Alors me direz-vous, le film aurait eu des longueurs. Et alors ?! Elles s’inscrivaient très naturellement au thème : la solitude. Une solitude imposée suite à une défaillance. Une solitude inique. Une solitude perdue dans l’espace enfermée dans un vaisseau en route pour un voyage de 120 ans. Une solitude à deux. Je ne demande pas du Tarkovski, mais de l’imagination. Un coup de pied dans la fourmilière du blockbuster commercial ! On se doutait bien qu’il y avait une faille dans le système. Pourquoi cette faille n’aurait-elle pas pu être à la portée de Jim Preston et d’Aurora ? Pourquoi une situation explosive ?
Super dangereuse ?
A la recherche de la défaillance technique, on aurait pu nous trouver d’autres péripéties et désagréments inhérents à un voyage aussi interminablement long, donner au récit une approche instructive sur ces voyages spatiaux. L’absence de gravité avec la scène de la piscine était prenante, par exemple. Il aurait fallu continuer dans cette voie. Et enfin voir notre Andy Garcia, le capitaine Norris, saluer ces héros pour avoir su remédier à la défaillance, les plaindre pour cette injustice technique et les admirer pour avoir su s’adapter. Deux naufragés intérieurs ! Cela aurait pu être aussi une belle histoire d’amour. A voir en V.O même si Andy Garcia ne prononce pas la moindre onomatopée