Pour aller droit au but, je reproche à ce film de ne pas assumer la condamnation à mort prononcée par le personnage principal du film (Jim) lorsqu’il
sabote le caisson
de la journaliste (Aurora) dans le désir au summum de l’égoïsme de ne plus être seul. Le personnage, et à travers lui le film, n’assume pas ce choix et, pis, le minimise, le dédramatise, l’envisage comme un ressort scénaristique comme un autre, alors qu’il est prompt à tant de réflexion. Et même sans s’engager dans de la philosophie, qu’au moins les scénaristes n’aient pas l’indécence de nous proposer une fin aussi happy-end gnan-gnan où toutes les fautes sont pardonnées et ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours, avec en fond sonore alternatif envisageable « J’ai voulu planter un oranger »… Aurora devait faire le choix de
retourner en sommeil artificiel
: c’était une forme de pardon pour lui, de justice pour elle, de décence envers les spectateurs qui ne pouvaient que détester le personnage principal à partir du moment où il avait commis l’acte impardonnable. C’était pour lui comme pour nous la meilleure porte de sortie. (À propos, pour rester dans ma critique appuyée du scénario, je n’ai toujours pas très bien compris ce qui s’était produit dans le réacteur pour
qu’il soit en surchauffe
: un peu plus de clarté n’aurait pas été de refus…) À part ce problème fondamental, j’ai trouvé la réalisation répétitive – par exemple lors des sorties dans l’espace, comprenant à chaque fois un zoom sur les bottes magnétiques puis l’éloignement des protagonistes le long d’une plateforme pour avoir une impression d’insignifiance devant la puissance inexorable du vaisseau progressant en tournoyant sur lui-même vers son but – sans, de manière générale, un grand sentiment d’inspiration qui se dégage. J’ai également ressenti l’utilisation de la musique comme particulièrement maladroite dès la deuxième partie du film, lors des fameuses sorties dans l’espace : elles étaient parfois en décalage avec l’ambiance qui, assez nettement, était souhaitée. Quant aux effets spéciaux, leur emploi n’était pas toujours très subtil, voire par moments très superficiel, mais efficace par exemple dans la scène
d’absence de gravité dans la piscine
. Je suis d’ailleurs de ce point de vue partagée concernant la première demi-heure, qui d’un côté prend le temps de poser le cadre, la situation, sans essayer de nous abrutir avec des vagues successives des susmentionnés effets spéciaux, mais qui d’un autre est assez monotone et peu captivante. On n’a pas l’impression de mieux connaître le personnage au bout de tout ce temps. On ne saura d’ailleurs pratiquement jamais rien de son passé et de ses attaches sur Terre. Ce n’est cependant pas faute d’avoir un jeu d’acteurs globalement satisfaisant mais restant inégal, oscillant entre un barman sympathique et un commandant de bord dans une posture caricaturale au possible. En conclusion, j’attendais beaucoup de ce film, ne serait-ce qu’au vu du casting, mais ai été extrêmement déçue, notamment par un scénario que j’estime très problématique dans le fond et dont les tentatives de masquage par la forme n’aboutissent jamais. Tellement de films de qualité se déroulant dans l’espace sont sortis ces dernières années qu’il aurait fallu en faire beaucoup plus pour obtenir un résultat ne serait-ce qu’à moitié convaincant.