En préambule, il convient de préciser que "Passengers" traite avant tout d'une romance placée dans un contexte on ne peut plus extraordinaire, celui d'un film de SF/catastrophe.
Ceci étant dit et de ce point de vue, ce long-métrage de Morten Tyldum se montre très convaincant pendant ses deux premiers tiers.
Le spectateur se retrouve ainsi rapidement impliqué dans le sort funeste de ce passager (Chris Pratt) réveillé par accident d'un état d'hibernation, 90 ans trop tôt, lors du voyage d'une colonie aux confins de l'espace. La découverte du vaisseau luxueux, de ses attractions inventives, de ses aberrations terriblement humaines (un système de privilèges encore et toujours),... Ces premiers instants réussis de légèreté laisse peu à peu place à la détresse, au poids de la condamnation d'une solitude promise jusqu'à la fin de ses jours.
La suite du film débouchera sur un terrible et passionnant dilemme moral nous interrogeant sur le fait d'entraîner autrui dans sa condition juste pour la rendre moins douloureuse (que ferions-nous ? Bon, en même temps, il y a peu de chances que l'on se retrouve à voyager avec Jennifer Lawrence mais sait-on jamais...). De cette décision, naîtra une relation amoureuse extrêmement touchante, il est impossible de ne pas s'attacher au couple Pratt /Lawrence tant celui-ci semble logique alors qu'on aurait pu craindre une optique purement mercantile d'associer deux des comédiens les plus populaires du moment en tête d'affiche (mais non, ceux-ci livrent des prestations de haut niveau et leur alchimie est un incontestable point fort dans cette histoire d'amour).
Hélas, aussi belle soit-elle, cette dynamique idyllique du couple seul au monde éclatera tôt ou tard face aux conséquences du choix du personnage de Chris Pratt et le spectateur, mis dans la peau du confident à l'instar d'une machine fascinante du film, attendra que cette épée de Damoclès s'abatte de toute sa violence psychologique sur les deux tourtereaux (et même là, le film fera preuve d'une vraie justesse pour traiter ce passage inéluctable).
Mais il y a un hic, dans son dernier tiers, le contexte de film SF/catastrophe prend le pas sur la romance, sans doute pour offrir un minimum d'action, et cette trame de fond est le gros point faible de "Passengers". Alors que l'environnement visuel en ce domaine se montrait riche et inventif (mazette, cette piscine !), le fait de se concentrer sur la menace à retardement qui nous est rappelée par intermittence tout au long du film renvoie "Passengers" sur un terrain certes efficace mais bien trop classique pour achever de nous convaincre. Heureusement, l'émotion reprendra le pas dans les derniers instants rattrapant de justesse cet acte final trop attendu.
Empêché d'atteindre les hautes sphères auxquelles il pouvait prétendre par ce retour in fine d'une intrigue SF fatiguée en premier plan, "Passengers" n'en constitue pas moins une aventure romantique et spatiale réussie où le couple Chris Pratt et Jennifer Lawrence ne cesse de briller tout en posant quelques interrogations existentielles pas si bêtes en cours de route.
Idéal pour conclure l'année cinématographique de 2016 de chouette manière.