Sélectionné lors du dernier Festival de Cannes, A Touch of Sin a séduit le jury présidé par Steven Spielberg qui lui a remis le prix du Meilleur Scénario.
Afin de dépeindre la Chine telle qu’il la voit, le réalisateur Jia Zhang Ke a choisi d’ancrer son récit dans la réalité : "La transformation rapide de la Chine s’est faite au profit de certaines régions mais également au détriment d’autres. L’écart entre riches et pauvres se creuse de plus en plus (…) Pour les plus faibles la violence peut devenir le moyen le plus rapide et le plus efficace de conserver leur dignité. (…) Je me suis donc lancé dans l’écriture d’un film qui serait une série de portraits de la violence plutôt que l’histoire d’un seul protagoniste. Afin d’illustrer la Chine moderne comme je la comprends, je suis parti de quatre faits divers incroyablement violents et j’en ai fait une œuvre de fiction", avance le réalisateur.
Pour mettre en scène son film, Jia Zhang Ke s’est allégrement inspiré de "La forêt des Sangliers". Il s’agit d’un opéra pékinois filmé en 1962 par Chen Huaikai et Cui Wei, tiré du roman classique chinois Au bord de l’eau.
Jia Zhang Ke a mis un point d’honneur à respecter les traditions de son pays. Ainsi, il a observé une technique identique à celle des romans historiques chinois pour construire son histoire, à savoir partir d’un fait réel pour construire autour une histoire et des personnages originaux.
Ce n’est pas un hasard si Jia Zhang Ke a arqué son film autour de quatre faits divers disséminés au travers de la Chine. "Le fait que ces quatre histoires couvrent une si grande partie du territoire me rappelle indirectement les peintures de paysage traditionnelles. Les peintres classiques essayaient de représenter des panoramas de tout le pays. Je partage cette ambition, et j’aimerais que le film soit comme une représentation générale de la Chine", se réfère le cinéaste chinois.
Le titre anglais (A Touch of Sin) est une référence ouverte au film d’action de King Hu, A Touch of Zen sorti en 1971. Ce dernier est considéré comme l’un des films d’arts martiaux chinois les plus influents du cinéma.
Jia Zhang Ke aime Cannes et le festival le lui rend bien. En mai, A Touch of Sin devenait son quatrième film présenté en compétition depuis 2002 et Platform. En 2008, 24 City intégrait la compétition officielle et deux ans plus tard, I Wish I Knew concourrait dans la catégorie Un Certain Regard.
On l’oublie parfois, mais la Chine n’est pas une démocratie et dispose d’un système de censure très développé comme tout Etat communiste. Jia Zhang Ke en a été longtemps la victime. Ce n’est qu’en 2004 que l'un de ses films (The World) a été autorisé dans l’Empire du Milieu.
Depuis 2000 et Platform, Tao Zhao a joué dans tous les films de son mari Jia Zhang Ke. A Touch of Sin marque ainsi leur 9ème collaboration.